Coronavirus : comment garder le moral au fil des mois ?
Sylvie Molenda, docteure en psychologie, spécialiste du stress et du psychotrauma était l'invitée de France Bleu Nord.
Sylvie Molenda est psychologue clinicienne, spécialiste du stress. Elle intervient notamment au CHU de Lille. Retour avec elle sur notre moral en cette période de pandémie.
Nouvelle conférence de presse du Premier ministre ce jeudi. Nouvelles restrictions pour enrayer l'épidémie. Est-ce qu'on s'habitue finalement à l'inhabituel ?
Sylvie Molenda : Nous traversons tous une période stressante majorée par plusieurs facteurs bien connus en psychologie dans la formation du stress.
Le premier de ces facteurs, c'est la nouveauté de la situation. Nous vivons une situation inédite et l'inconnu est un puissant facteur de stress. Faute d'expérience, nous avançons à tâtons, dans le doute et l'incertitude. Le deuxième facteur, c'est l'importance des buts personnels menacés.
Ces buts personnels, c'est notre avenir professionnel par exemple ?
Notre avenir professionnel mais aussi l'avenir de nos enfants et nos aînés. La difficulté, c'est que nous ne pouvons pas apporter de solutions complètes à ces préoccupations.
On subit mais est-ce qu'on a tout de même quelques cartes en main pour être maïtre de son destin ?
Au niveau individuel, le respect des gestes barrières est déjà une forme de contrôle. La vaccination à venir aussi. Mais nous sommes tributaires de décisions gouvernementales, ce qui peut nous laisser un sentiment amer d'impuissance.
Le dernier facteur de stress, c'est l'incapacité à prévoir l'évolution des évènements. La principale difficulté aujourd'hui, c'est la durée particulièrement longue de cette exposition au stress.
Y a-t-il des raisons tout de même d'espérer ? A quoi peut-on se raccrocher aujourd'hui ?
Le plus important, c'est que notre vie garde un sens. Nous pouvons le trouver dans la solidarité et l'entraide. Restons vigilants à nos proches, à nos voisins, à nos collègues. Créons et sachons créer des chaînes de solidarité pour nous sentir utiles et préserver notre estime personnelle et collective.
Est-ce que c'est utile aujourd'hui de faire des projets ?
Oui, c'est utile même pour des projets modestes. Tout petits qu'ils soient, ils nous aident à rester proactifs et d'aller de l'avant. Ils nous permettent aussi de garder les choses en perspective. Le passé nous montre que l'humanité a su surmonter de très nombreux fléaux. J'ai confiance en l'avenir.