Coronavirus : l'Académie de médecine dénonce le "démarrage très lent" de la vaccination
Dans un communiqué publié ce jeudi, l'Académie de médecine dit regretter le démarrage "très lent" de la campagne de vaccination contre le coronavirus en France. Elle estime que "le premier bilan" est "difficile à défendre" par rapport aux autres pays européens.
"Il n'est plus temps d'attendre" : c'est le message de l'Académie nationale de médecine ce jeudi. Dans un communiqué, elle demande au gouvernement d'accélérer la campagne de vaccination contre le Covid-19 en France, dénonçant le démarrage "très lent" du processus avec des précautions qu'elle juge "excessives".
L'Académie note une mise en œuvre "progressive" de la campagne qui a débuté dimanche dernier dans les Ehpad, en raison du processus de recueil du consentement, de la recherche d'éventuelles contre-indications chez une population fragile et du maintien du patient en observation 15 minutes après l'injection.
Des précautions "excessives"
"Cette extrême prudence est assumée par les autorités sanitaires qui écartent la possibilité de simplifier ces procédures pendant la phase préliminaire. Elle est sanctionnée par un démarrage très lent du programme", écrit l'Académie, en comparaison d'autres pays européens.
"Adoptées pour rassurer une opinion publique gagnée par l'hésitation, ces précautions excessives risquent de susciter a contrario une incompréhension croissante vis-à-vis d'une campagne dont le coup d'envoi semble manquer de détermination", insiste-t-elle dans le communiqué.
La campagne nationale d'immunisation doit être exemplaire.
"La France déplore plus de 64.000 décès par Covid-19, dont près d'un tiers dans la population à haut risque qui doit être vaccinée au cours des huit prochaines semaines, souligne l'Académie nationale de médecine. Face à ce constat, la campagne nationale d'immunisation doit être exemplaire dans un pays qui a tant contribué à l'élimination des maladies infectieuses par la vaccination".
"Simplifier et raccourcir"
Dans son communiqué, l'Académie donne plusieurs recommandations, notamment "simplifier et raccourcir autant que possible les procédures de vaccination dans les Ehpad".
Elle plaide également pour que la première phase de vaccination soit déployée "en priorité" dans les départements "affichant les taux d'incidence de Covid-19 les plus élevés" et pour la "transparence" de l'état des stocks de vaccins pour que "la mise en œuvre de la stratégie vaccinale n'apparaisse pas dictée par des aléas de livraison".
Pour sa part, l'Académie de médecine dit s'engager à organiser une séance de vaccination collective "de ses membres titulaires et correspondants dès le passage en phase 2, c'est-à-dire au mois de mars 2021".
Avec moins de 200 injections depuis dimanche contre des milliers en Allemagne ou en Italie, ce lent démarrage de la campagne vaccinale en France suscite critiques et incompréhension. Mais le gouvernement dit privilégier la "pédagogie", a expliqué le ministre de la Santé Olivier Véran mardi sur France 2 : "Nous recueillons le consentement des personnes avant qu'elles soient vaccinées. Je crois que c'est un gage de confiance".