Coronavirus : la France veut éviter une fermeture des frontières, l'Allemagne s'interroge
Après la fermeture partielle de ses frontières avec la République tchèque et le Tyrol autrichien, l'Allemagne pourrait prendre des restrictions similaires vis-à-vis de la France, où la circulation des variants du coronavirus augmente.
"Je ne souhaite pas que l'Allemagne ferme complètement la frontière" avec la France, a déclaré ce lundi 15 février Clément Beaune, le secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes. Le week-end dernier, l'Allemagne a fermé en partie ses frontières avec la République tchèque et l’Autriche pour contenir la diffusion des variants. Elle pourrait faire de même avec la France dans les prochains jours, notamment au vu de la situation sanitaire en Moselle.
En Alsace, le douloureux souvenir de la fermeture des frontières
Côté français on le répète : fermer les frontières a été un traumatisme lors de la première vague. Depuis la réouverture, élus locaux et ministres-présidents des Länders frontaliers travaillent à éviter le retour d'une telle situation, en ajustant les mesures au mieux pour les frontaliers.
C'était l'objectif d'une nouvelle réunion ce lundi entre Clément Beaune, le secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes et les ministres-présidents de la Sarre, de Rhénanie-Palatinat et du Bade-Wurtemberg.
Des situations trop différentes au niveau européen
En Allemagne aussi la fermeture des frontières n'est pas bien vécue. Mais elle pourrait être inévitable : "Si les variants continuent à se propager fortement chez nos voisins, cela peut conduire en dernier recours à des fermetures de frontières", a déclaré il y a quelques jours Winfried Kretschmann, le ministre-président du Bade-Wurtemberg. L'Allemagne a décidé de prolonger ses restrictions jusqu'en mars, justement par crainte de ces variants.
Outre-Rhin, le nombre de nouveaux cas de Covid-19 est aujourd'hui d'environ 7.000 par jour, après avoir dépassé les 30.000 contaminations quotidiennes fin décembre. La France stagne sur un plateau haut depuis la même période et reste aujourd'hui autour des 18.000 nouveaux cas par jour.
"L'Allemagne a pris le taureau par les cornes lors de la deuxième vague et a décidé de confiner très strictement, ce que n'ont pas voulu faire les français ou les italiens", explique Antoine Flahault, épidémiologiste et directeur de l’Institut de santé globale à l’université de Genève, "nous avons maintenant des situations très différentes en Europe."
"Il est donc compréhensible que les allemands et les autres pays qui observent cette décrue du nombre de cas se disent : on ne veut pas une nouvelle vague de l'étranger. À ce moment là, les frontières deviennent un enjeu de sécurité sanitaire", poursuit Antoine Flahault, qui plaide pour une gestion de la crise sanitaire plus uniforme en Europe.