Coronavirus : le personnel de l’hôpital d'Avignon redoute une troisième vague après les fêtes de Noël
Le pic de la deuxième vague est passé mais l'hôpital d'Avignon reste sous tension avec un nombre de morts très élevé. Avec les assouplissements annoncés par le Président, les soignants craignent maintenant un relâchement pour les fêtes de Noël et une 3e vague. Plongée au cœur des unités Covid.
Même si le pic épidémique est derrière nous, l’hôpital d’Avignon est toujours sous tension face au Covid. Le service de réanimation a été le premier débordé par la deuxième vague. Dès début septembre, ils ont dû faire appel à d’autres services pour pouvoir faire face à l’afflux de malades.
Un service de réanimation sous-dimensionné
"Nous avons été submergés dès la première semaine de septembre. Il a fallu doubler les capacités de réa", explique Sébastien Moschietto, le chef du service de réanimation, dont le service est sous-dimensionné. "Nous avons seulement 16 lits de réanimation pour 500.000 voire 600.000 habitants en Vaucluse et quatre lits de soins continus. Il faudrait au moins vingt lits de réanimation et dix de soins continus, donc 30 lits en tout.".
Pour faire face à cet afflux de malade, une centaine depuis début septembre, la réa a dû fait appel à du personnel d’autres services en renfort. "Pour doubler le nombre de lits, nous avons créé des lits de réanimation ex-nihilo en partant des soins intensifs cardio."
"Même avec la grippe A, nous n'avons jamais été débordés comme ça. C'est du jamais vu en terme d'afflux de malades." - Sébastien Moschietto, chef du service de réanimation
Pour les différents chefs de service confrontés au Covid-19 à l'hôpital d'Avignon, cette crise, c'est "du jamais vu". "J'ai commencé en 2009 à la réa avec la grippe A, nous n'avons jamais été débordés comme ça. C'est du jamais vu en terme d'afflux de malades", confirme Sébastien Moschietto.
Le prochain combat pour eux, c'est d'augmenter le nombre de lits de réanimation pour pouvoir faire face à des pics épidémiques comme le Covid. "Nous avons dû faire des transferts de patients très tôt hors du département. Des lits de mon service ont été transformés en lits de réanimation. Et du personnel de cardiologie est aussi parti prêter main forte en réanimation. Il faut vraiment se battre pour que les capacités du service de réanimation d'Avignon soient augmentées rapidement et pas dans plusieurs années", estime Michel Pansieri, le chef du service cardiologie.
Les soignants craignent un relâchement de la population
Les personnels de l’hôpital d’Avignon redoutent les fêtes de fin d’années et l’arrivée d’une troisième vague. Cécile Madonia, commence à accuser le coup. Cette infirmière anesthésiste qui travaille d’habitude dans le service de dons d’organes a été redéployée en réa covid. "Pour la première vague, on s'est retroussés les manches, c'était évident, il fallait y aller. Autant pour cette deuxième vague, j'avoue qu'on est fatigués. Et puis, je trouve que les gens n'ont pas fait attention, et c'est pour ça qu'on en est là aujourd'hui".
Une incompréhension partagée par Simone Casajust, cadre de santé en pneumologie : "Il y a un vrai décalage entre ce qu'on vit à l'intérieur de l'hôpital et ce qu'on voit à l'extérieur. Les gens ne se rendent pas compte ! Vous allez faire vos courses, et vous voyez des personnes qui portent le masque sous le menton, c'est très difficile".
"Se réunir à une dizaine de personnes pour Noël, avec les enfants, les petits-enfants, les grands-parents, ce n'est pas raisonnable" - Sébastien Moschietto
Alors, quand on évoque les fêtes de fin d’année, tous les personnels de l’hôpital mettent le holà. Sébastien Moschietto, le chef du service de réanimation, en appelle à la responsabilité de chacun pour ne pas se retrouver avec une troisième vague en janvier. "On sait que les contagions sont également intrafamiliales, et pas seulement, dans les commerces, à l'extérieur. Il faut qu'il y ait une prise de conscience collective. Se réunir à une dizaine de personnes pour Noël, avec les enfants, les petits-enfants, les grands-parents, ce n'est pas raisonnable."
Et la cheffe du service pneumologie, Cherifa Gounane, d'adresser un message à la population : "Y a un moment il faut se dire qu'on est des êtres humains et qu'on risque d'être épuisés et de ne pas pouvoir se mobiliser autant. Il faut prendre conscience que s'il y a trop d'arrivées aux urgences, on ne pourra pas prendre tout le monde en charge. C'est très important que la population soit responsable et respecte les gestes barrières".
Les soignants de l'hôpital d'Avignon redoutent une troisième vague après les fêtes
75 morts en une semaine en Vaucluse
Selon les derniers chiffres de l'ARS publié mardi soir, 238 (-24) personnes sont hospitalisées en Vaucluse dont 29 (-2) en réanimation. Côté décès, on en compte neuf de plus en 24h. Cela porte à 75, le nombre de morts du Covid en une semaine, c'est le plus haut niveau de mortalité depuis le début de la crise, selon la préfecture.
82 clusters sont toujours actifs dans le département. Le nombre de tests est en baisse : 7312 depuis la mi novembre pour un taux de positivité aussi en fléchissement à 13.6 % . Le taux d'incidence est désormais de 177 cas pour 100.000 habitants.