Coronavirus : les consultations chez les médecins généralistes en baisse de 44%, selon Doctolib
De nombreux médecins constatent que leurs malades habituels désertent leurs cabinets. Une tendance confirmée par des chiffres publiés ce jeudi : selon la plateforme Doctolib, les consultations chez les généralistes ont baissé de 44% depuis janvier.
C'est une tendance remarquée par de nombreux médecins : leurs salles d'attente sont vides, et leurs malades chroniques désertent leurs cabinets, au risque d'aggraver leur santé. Les patients craignent d’attraper le coronavirus chez le médecin, ou de déranger celui qu'ils imaginent débordé.
Cette constatation est confirmée par les chiffres publiés ce jeudi par la plateforme de prise de rendez-vous médicaux Doctolib : les consultations ont baissé de 44% chez les médecins généralistes et de 71% chez les spécialistes depuis le début de la crise du coronavirus.
"Un phénomène massif de renoncement aux soins"
"La fréquentation des cabinets s'est effondrée depuis le début de l'épidémie", souligne Doctolib dans un communiqué, qui évoque "un phénomène massif de renoncement aux soins" depuis la mise en place du confinement.
Le 5 avril dernier, 350 professionnels de santé ont lancé un appel pour implorer leurs patients de ne pas renoncer à leurs soins. Ces professionnels redoutent "une bombe à retardement" dans quelques mois. "Je vois tous les jours des patients qui me disent : 'On fera ça après'. Je leur dis : 'Non, faites-le maintenant, occupez-vous de vous, ne laissez pas les choses dégénérer'", plaide Jean-Baptiste Blanc, médecin généraliste à Paris, qui a lancé cet appel. "Nous sommes toutes et tous effrayés à l'idée de l'état dans lequel nous allons retrouver nos patients dans deux, trois mois ou plus", s'inquiètent les médecins.
Chute de presque 100% des consultations chez des spécialistes en raison de cabinets fermés
La baisse est encore plus forte chez les spécialistes (-71%), en particulier chez les chirurgiens dentistes (-95%), les masseurs-kinésithérapeutes (-96%) et les podologues (-96%). "Si la baisse d'activité chez les médecins s'explique clairement par l'hésitation à consulter dans la période, la situation observée chez les chirurgiens-dentistes, les masseurs-kinésithérapeutes et les podologues est différente : elle traduit la fermeture totale des cabinets", rappelle le communiqué.
L'Assurance maladie établit le même constat chez les généralistes
Auditionné mercredi par la commission des affaires sociales du Sénat, le directeur de l'Assurance maladie Nicolas Revel a lui aussi fait état d'une forte baisse des consultations, de l'ordre de 40% pour les généralistes et de 50% pour les spécialistes.
Face à cette situation, le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé début avril avoir ouvert des négociations avec l'Assurance maladie pour permettre aux professionnels de santé libéraux de bénéficier d'"une compensation de perte de revenus".