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INFOGRAPHIES - Coronavirus : quels sont les indicateurs qui inquiètent ?
Alors que la France a dépassé le cap du million de cas, l'épidémie de coronavirus continue sa progression. Jeudi dernier, Jean Castex avait annoncé que "les semaines qui viennent" seraient "dures". Mais quels sont les indicateurs les plus inquiétants ? France Bleu fait le point.

"La situation est grave" en France, avait expliqué le Premier ministre, Jean Castex, jeudi dernier au moment d'annoncer l'élargissement du couvre-feu à 38 nouveaux départements. La circulation du coronavirus s'est accélérée ces dernières semaines dans l'Hexagone, la France franchissant même vendredi le cap du million de cas depuis le début de l'épidémie. Dimanche, le nombre de nouveaux cas a dépassé les 50.000.
Mais quels sont les indicateurs qui inquiètent les autorités ? France Bleu a posé la question à des épidémiologistes.
Le taux d'incidence
Le taux d'incidence, c'est-à-dire le nombre de personnes positives au coronavirus rapporté à la taille de la population sur une semaine, ne cesse de progresser. Il est ce lundi de 340 pour 100.000 habitants, selon les chiffres disponibles sur l'application Tous Anti-Covid. Du 15 au 21 octobre, ce taux était de 314,7 pour 100.000 habitants avec des taux très élevés dans certains départements, notamment la Loire (856,8), le Rhône (706,2), le Nord (607,9) ou encore la Haute-Loire (566,3) et l'Isère (551,9).
Pour Pascal Crépey, épidémiologiste et enseignant chercheur à l'école des Hautes études en santé publique de Rennes, "aujourd'hui, on a un taux de reproduction du virus (ndlr : le R0 ou R effectif) deux fois inférieur à celui de mars, donc l'augmentation est moins forte, mais elle reste importante".
Et surtout, cette deuxième vague concerne toute la France. A partir du 1er octobre, "le taux d'incidence a remonté brutalement, analyse l'épidémiologiste, Martin Blachier. Cela a concerné toutes les tranches d'âges, tout le pays, et même nos voisins européens comme le Royaume-Uni, l'Italie ou les Pays-Bas."
Pour le médecin, la baisse des températures observée début octobre pourrait être une explication : "On a perdu 10 degrés à cette période-là et ça correspond parfaitement" avec l'augmentation du nombre de cas dans l'Hexagone. Plusieurs pistes sont évoquées par Martin Blachier pour comprendre pourquoi le virus s'est davantage développé : "Les gens se sont repliés en intérieur, et le virus pourrait être plus à l'aise dans une atmosphère froide".
L'épidémiologiste s'inquiète surtout du taux d'incidence chez les personnes âgées. La semaine du 12 au 18 octobre, il était, pour la tranche 70-79 ans, de 158,6 pour 100.000 habitants, quand il n'était que de 28,9 début septembre. Même progression pour les 80-89 ans. Des populations plus à risques face au coronavirus, qui pourraient développer des formes sévères et se retrouver à l'hôpital.
Le nombre de malades hospitalisés
Les indicateurs hospitaliers sont ceux qui inquiètent le plus les professionnels de santé. "Depuis deux ou trois semaines, les services sont en train de se remplir et ça va continuer", prévient Martin Blachier. De nombreux professionnels de santé rappellent qu'on ne peut pas se permettre d'avoir à nouveau un système hospitalier embolisé.
La semaine dernière, on dénombrait 12.176 nouvelles hospitalisations. La semaine précédente, ce nombre était de 7.530. Début octobre, les autorités comptaient 5.084 nouveaux lits occupés sur la semaine du 5 au 11.
Et la dynamique est encore plus forte chez les personnes âgées. Il y a eu ces dernières semaines cinq fois plus d'hospitalisations et d'admissions en réanimation de patients âgés de 65 ans et plus, en comparaison à début septembre, selon Santé Publique France.
Une progression qui devrait continuer dans les prochaines semaines. En effet, les nouvelles contaminations augmentent, et les épidémiologistes rappellent qu'il faut attendre deux à trois semaines avant de voir l'impact sur le système hospitalier.
Le nombre de patients en réanimation
2.575 patients sont actuellement en réanimation selon les chiffres publiés dimanche soir par Santé Publique France, contre 1.939 une semaine seulement auparavant. Et moins de 1.300 début octobre. "On pourrait atteindre les 3.000 cette semaine, et monter jusqu'à 4.500 personnes en réa ensuite, avant que ça commence à décroître", souligne Martin Blachier.
L'épidémiologiste Pascal Crépey rappelle que les personnes qui entrent dans ces services ont "plus de risques de mourir et le nombre de places n'est pas infini". Dimanche, le taux d'occupation des lits dans les services de réanimation s'élevait à 51% en moyenne en France contre 38,4% une semaine avant. Il était de 8,3% le 1er septembre dernier.
Ce taux d'occupation est le plus élevé dans les Hautes-Alpes (187,5%), en Ardèche (112,5%), en Seine-et-Marne (109,1%), dans la Loire (108,6%), en Isère (97,3%) et dans le Vaucluse (93,8%). "Certaines régions ont déjà commencé à évacuer des patients", rappelle Pascal Crépey. Le CHU de Bordeaux accueille par exemple des malades transférés de Saint-Etienne, des patients ont également été évacués dans le Nord.
D'après Santé Publique France, 65% des malades admis en réanimation étaient âgés de 65 ans et plus, et 90% avec comorbidités. Jeudi dernier, 791 malades âgés entre 70 et 79 ans étaient hospitalisés dans ces services, un chiffre qui a quasi doublé en un mois. Le nombre de décès dus au coronavirus devrait donc continuer à croître. Et un autre problème se pose : "Des opérateurs vont être reportées et certains patients sévères peuvent en mourir", souligne Martin Blachier.
En mars dernier, la première vague de coronavirus a très rapidement submergé les services de réanimation. Il a fallu de longues semaines, et un confinement, pour voir un retour à la normale. Cette nouvelle vague est un peu différente. La progression du taux d'occupation des lits de réanimation est plus lente mais elle touche de nombreux départements.
Quelle solution ?
Face à cette situation, de nombreux voix s'élèvent pour réclamer un reconfinement, devenu pour élus, médecins et scientifiques, inévitable. Certains doutent de l'efficacité du couvre-feu mis en place dans 54 départements, de 21h à 6h.
Si on ne confine pas, ce sont des morts en plus. - Martin Blachier, épidémiologiste
Pour Martin Blachier, il faut avant tout protéger les populations à risques. Le médecin propose donc un reconfinement des plus de 65 ans "pendant deux à trois semaines début novembre". Selon lui, "ça pourrait permettre d'empêcher 7.000 à 8.000 décès Covid direct, et presque autant de patients non Covid". Une option qui permettrait de limiter l'afflux de cas graves à l'hôpital.
Ses services ont en effet modélisé deux options : un reconfinement total et un reconfinement seulement pour les plus âgés. "On a le même impact, explique Martin Blachier. Il suffit d'un peu plus d'immunité collective chez les jeunes, et le taux de reproduction peut descendre en dessous de 1. Donc ce sera moins dangereux pour les personnes vulnérables."
Pascal Crépey est du même avis : il va certainement falloir prendre des mesures plus fortes si le couvre-feu n'est pas efficace. L'enseignant-chercheur prône lui une responsabilisation des Français : "Ils doivent prendre conscience que la propagation du virus dépend de leur propre comportement". "Cela peut paraître culpabilisant mais on n'est pas obligé d'attendre une décision du gouvernement pour limiter le plus possible les contacts avec les personnes qui ne font pas partie de notre foyer", souligne l'épidémiologiste.
Il milite également pour que davantage de Français téléchargent l'application Tous Anti-Covid. Selon Pascal Crépey, "c'est un outil extrêmement précis s'il est largement utilisé". "Si la moitié des Français l'activait, cela permettrait d'identifier très rapidement les cas contacts et des les avertir", souligne l'épidémiologiste. A ce jour, l'application n'a été téléchargée que par un peu plus de quatre millions d'utilisateurs.
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