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Covid-19 : au Mans, la recherche clinique sur les cas graves attend des patients

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La pandémie de coronavirus est loin d'être terminée, la recherche clinique sur la maladie aussi. Le centre hospitalier du Mans participe à plusieurs études cliniques sur les médicaments et les soins mais le reflux de l'épidémie a freiné la recherche, et les connaissances restent incomplètes.

Le docteur Christophe Guitton, chef du service de réanimation du centre hospitalier du Mans. Le docteur Christophe Guitton, chef du service de réanimation du centre hospitalier du Mans.
Le docteur Christophe Guitton, chef du service de réanimation du centre hospitalier du Mans. © Radio France - Alexandre Chassignon

"C'est plutôt une chance pour la santé publique" souligne le docteur Christophe Guitton, chef  du service réanimation du centre hospitalier du Mans. "Depuis plusieurs semaines nous n'avons pas eu de patient du covid-19. Ça met aussi un frein sur la recherche, car elle ne peut pas avancer sans patients".

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L’hôpital participe activement à la recherche clinique, à longueur d'année. Avec le coronavirus, une demi-douzaine d'études se sont ajoutées à la quinzaine de protocoles habituellement en cours au service réanimation. "Ces essais sont toujours actifs, souligne Christophe Guitton : dès que des patients vont se présenter, s'ils répondent aux critères on leur proposera, à eux ou à leur famille, d'y participer". Parmi ces études Hycovid, pilotée par le CHU d'Angers, mais aussi d'autres sur "des dispositifs d'oxygénation, des façons de positionner les malades..."

Médicaments, machines et méthodes

Le décalage entre la vague épidémique et la recherche a permis d'intégrer relativement peu de patients aux essais : sur la cinquantaine de personnes malades du coronavirus passées par la réanimation du Mans, "cinq ou six" ont participé à des études sur des médicaments, en double aveugle (patients comme soignants ignorent si un médicament ou un placebo est utilisé).

"Les services de médecine de l’hôpital ont participé à des essais avec davantage de patients, par exemple Hycovid, pilotée par le CHU d'Angers", précise le chef du service réanimation. D'autres études portent sur d'autres aspects des soins comme "des dispositifs d'oxygénation, des façons de positionner les malades... il y a aussi un suivi sur le stress chez les soignants."

Nous avons surtout appris qu'il n'y a pas beaucoup de médicaments qui fonctionnent

Le problème, s'inquiète Christophe Guitton, c'est que les connaissances n'ont guère eu le temps d'avancer. "La plupart des bonnes études prévoient d'entrée de jeu un nombre de participants qui garantit leur fiabilité statistique. Parfois, et ça peut se passer dans le cas du covid, quand on voit que ce nombre ne sera pas atteint, l'étude s'arrête avant. Elle perd alors en qualité, il y a moins de chances qu'elle puisse nous apprendre quelque chose".  

Or les premières études publiées n'ont pas mieux armé les médecins face au coronavirus. "Nous avons surtout appris qu'il n'y a pas beaucoup de médicaments qui fonctionnent", résume Christophe Guitton. Parmi les pistes éliminées celle de l'hydroxychloroquine, qui n'a "pas d'effet bénéfique". "Le médicament qui a pris le dessus c'est un dérivé de la cortisone, même si c'est encore débattu. En fonction des stades de gravité, peut-être qu'on donnerait un peu plus de cortisone...", envisage le réanimateur manceau. Pour l'instant, en plus des essais, son service traite "les symptômes, les défaillances des organes. A en croire nos résultats ça ne se passe pas si mal que ça".

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