Covid-19 : exposées aux formes graves, les personnes obèses se replient sur elles-mêmes
Les personnes obèses seront prioritaires pour la vaccination contre le Covid-19, sans aucun critère d'âge, à partir de la mi-mai. Elles ont en effet plus de risques de développer une forme sévère de la maladie. Dans les services de réanimation, un patient sur deux souffre d'obésité. Témoignages.
Les personnes souffrant d'obésité vont devenir prioritaires pour la vaccination contre le Covid-19, quel que soit leur âge, à partir de la mi-mai. C'est ce qu'a annoncé le ministre de la santé jeudi 22 avril. Jusqu'ici, l'obésité est considérée comme un facteur de comorbidité pour les plus de 50 ans uniquement.
Pourtant, dans les services de réanimation, une personne sur deux est obèse, et cette catégorie de la population a sept fois plus de risques d'être intubés ou ventilées, en clair d'avoir besoin d'une assistance respiratoire. Des recherches ont été menées à ce sujet au CHU de Lille.
Plus de 20% d'obèses dans les Hauts-de-France
Une situation particulièrement critique dans les Hauts-de-France, où 22% des habitants souffrent d'obésité, avec des pointes à plus de 30% dans certaines zones comme le bassin minier du Pas-de-Calais. Dans la région, une personne sur deux est en surpoids.
Nadège et Stéphanie, originaires de Lens, participent au programme proposé par l'association Rest'O (Regroupement pour l'éducation, le suivi et le traitement de l'obésité). Lors de permanences à Loos-en-Gohelle, elles apprennent à reconnaitre la sensation de faim, à gérer leurs fringales, à bien choisir leurs aliments, et à pratiquer des activités physiques. C'est ce qu'on appelle l'éducation thérapeutique.
On a tous peur
Mais depuis le début de l'épidémie, elles ont tendance à se replier sur elles-mêmes, car elles se savent à risque : "On a tous peur. On ne peut rien faire, à part rester enfermées. Donc qu'est-ce qu'on fait ? On mange plus."
ECOUTEZ : reportage à l'association Rest'O, lors d'une permanence à Loos-en-Gohelle
Elles seront bientôt prioritaires pour être vaccinées. Nadège a déjà reçu une première injection. Mais pour Stéphanie, c'est "non. Quand on voit que certains se font vacciner qu'ils sont plus là 48 heures après...".
Il faut avoir peur de la maladie, pas de la vaccination
Cette réticence à la vaccination, Monique Romon, la présidente de l'association Rest'O, ancienne cheffe du service nutrition du CHU de Lille, la combat au quotidien : "L'obésité est aussi une maladie sociale. Les personnes obèses sont souvent aussi en difficultés sociales, et sont sensibles à ces discours qu'on entend malheureusement trop souvent sur la vaccination et ses risques. Alors qu'il faut avoir peur de la maladie ! La vaccination, c'est ce qui va les sauver, comme nous tous".
ECOUTEZ : Monique Romon, présidente de l'association Rest'O
Pour en savoir plus et retrouver des activités en ligne, il existe une plateforme collaborative sur l'obésité.