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Covid-19 : "On ne peut pas s'arrêter de vivre mais il faut avoir du bon sens", juge un pneumologue toulousain

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Alors que l'épidémie repart, et que l'ombre du Covid-19 plane sur les fêtes de fin d'année, Alain Didier, le chef du service pneumologie au CHU de Toulouse, appelle à la prudence pendant les rassemblements familiaux, sans s'empêcher de vivre.

Le professeur Alain Didier, pneumologue au CHU Toulouse Le professeur Alain Didier, pneumologue au CHU Toulouse
Le professeur Alain Didier, pneumologue au CHU Toulouse © Radio France - Jeanne-Marie Marco

Le chef du service pneumologie au CHU de Toulouse, Alain Didier, appelle à la prudence pendant les rassemblements familiaux, sans s'empêcher de vivre. Et cela alors que l'épidémie repart et que l'ombre du Covid-19 plane sur les fêtes de fin d'année.

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On a démarré la semaine le moral un peu dans les chaussettes avec le porte-parole du gouvernement qui nous dit que la cinquième vague démarre de façon fulgurante. Qu'est-ce que ça veut dire ?

D'abord, ça veut dire que par rapport à ce que nous avons vécu il y a une dizaine de jours ou une quinzaine de jours, il y a eu, la semaine dernière et en début de semaine maintenant, une augmentation assez rapide du nombre de patients hospitalisés. Il  y avait déjà une augmentation de gens ayant le Covid dans la population générale. Ce qui est un peu plus préoccupant, c'est qu'il y a des entrées à l'hôpital qui augmentent en nombre. 

Cette reprise est fulgurante chez nous ? Les cas de Covid sont de plus en plus nombreux au CHU de Toulouse ?

Je ne dirais pas fulgurante. Pour l'instant, on est plutôt au début de la vague et on ne connaît pas l'amplitude, parce que c'est quand même ça qui compte finalement. Mais il y a une augmentation rapide. Pour vous donner un exemple, on était à environ 25 patients jusqu'à la semaine dernière ou la semaine précédente. Et là, on est à 50 patients hospitalisés, dont une dizaine en réanimation. Mais il faut bien comprendre que le problème, c'est que ça vient en plus des pathologies habituelles, des pathologies hivernales qui déjà nous occupaient beaucoup.

Des maladies hivernales que vous n'avez pas eu l'an dernier ?

Non, mais elles reviennent. La bronchiolite chez l'enfant, notamment, qui sature les services de pédiatrie. Mais dans les secteurs adultes, il y a des maladies type maladie grippale ou apparentées qui reviennent, des gastro-entérites aussi. Des choses comme ça. Et donc, du coup, les services sont déjà occupés comme d'habitude en période hivernale et se rajoute là dessus cette cinquième vague.

Alain Didier, est-ce que ce sont toujours essentiellement des gens qui ne sont pas vaccinés, qui développent des formes graves de coronavirus ? 

Il y a deux types de profils qui développent des formes graves et effectivement, des non vaccinés parce que malheureusement, il en reste encore. C'est une frange de population relativement importante. Et ensuite, il y a des gens qui, malgré la vaccination, ont un terrain qui favorise l'expression de formes graves.

Et quand ils arrivent ces patients là, est-ce que vous les encouragez à se faire vacciner ? Ou vous ne rentrez pas dans ce débat là ? 

Personnellement, je ne rentre plus dans ce débat là. Je pense que les gens qui ne sont pas vaccinés actuellement, c'est que vraiment, ils ont des réticences majeures pour des raisons qui leur sont propres. Et je pense que là, on n'arrivera plus à les convaincre.

80% des Occitans ont reçu au moins une dose de vaccin. Le conseil scientifique se dit favorable à une troisième dose pour tous les adultes. Vous êtes aussi de cet avis ?  

Je pense qu'effectivement, on constate qu'il y a une petite baisse de l'immunité vaccinale, qu'actuellement, on remarque des cas qui surviennent chez des gens, même jeunes, qui ont été vaccinés correctement. Mais ces formes ne sont pas très graves.

Finalement, si ce n'est pas grave, à quoi sert cette troisième dose ?

Elle sert quand même à diminuer la circulation du virus, puisqu'on sait aussi que les vaccinés produisent moins de virus lorsqu'ils sont atteints. Donc, ça a une certaine utilité. Après, moi je pense quand même que l'effort, il aurait dû être fait ou il devrait être fait vers les gens qui sont non vaccinés, mais qui sont, comme je l'ai dit tout à l'heure, très difficile à convaincre.

On est à un mois de Noël. Est-ce qu'on va pouvoir passer, selon vous, des fêtes normales, refaire des grandes tablées comme on a pu le faire dans les années passées ?

Ça, c'est un point clé parce qu'on s'aperçoit quand même que les gens qui sont vaccinés et qui ont le Covid-19 avec des formes pas très sévères, c'est souvent effectivement à l'occasion de rassemblements festifs, familiaux ou amicaux, et c'est le fait de rester ensemble longtemps dans un espace clos parce qu'on est on est en hiver. Ça favorise la survenue de micro épidémies au sein des familles ou au sein des cercles d'amis.

Donc, vous êtes en train de nous dire que même si on est tous vaccinés autour de la table, ce n'est peut-être pas très prudent de se remettre à faire de grands rassemblements ?

Il ne faut pas s'arrêter de vivre. Je pense qu'il faut vraiment reprendre une vie normale, mais qu'il faut respecter quelques conseils de bon sens et notamment lorsqu'on est dans des lieux clos ensemble pendant pendant plusieurs heures. Il faut savoir aérer, même s'il fait un peu froid dehors. Prendre des précautions les uns vis-à-vis des autres. Mais non, je ne suis pas pour qu'on arrête de vivre et qu'on recommence. Un confinement d'idées ni des mesures qui éviteraient de se voir les uns les autres. 

Quels sont les gestes barrières qu'il faut renforcer aujourd'hui ?

D'abord le lavage des mains régulier, comme on devrait le faire d'ailleurs naturellement. Et puis, c'est aussi peut-être de savoir autour de soi qui est vacciné, qui n'est pas vacciné. Et il ne s'agit pas de faire de l'ostracisme, mais quand même. Les gens qui ne sont pas vaccinés, ils font quand même courir un risque important aux autres. Donc ils doivent pouvoir le dire, expliquer pourquoi et se tenir à l'écart de ceux qui ont choisi de se faire vacciner.

On voit que la bise revient de plus en plus, c'est imprudent de se refaire la bise ?

Ça fait partie des gestes qui, effectivement, peuvent faciliter la contamination. Maintenant, comme on le disait tout à l'heure, je pense qu'on ne peut pas quand même empêcher des gens qui se réfrènent depuis un moment de tout contact à l'occasion de fêtes familiales, de s'embrasser, même brièvement. Je pense que c'est du bon sens et de l'humain. 

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