Covid : le Professeur Amouyel en appelle à la responsabilité de chacun à la veille de Pâques
Invité de France Bleu Nord ce mercredi 31 mars, Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille mise sur la responsabilité individuelle pour le respect des consignes sanitaires à quelques jours du weekend de Pâques.
Fermer les écoles, est-ce la bonne solution pour mettre un coup d'arrêt à la contamination ?
Professeur Amouyel : on ne sait pas pour l'instant. La plupart des études réalisées montrent que la fermeture des écoles a réduit les transmissions dans certains pays et dans d'autres, non. Quand on est à des niveaux de circulation comme on les connait actuellement en France, on peut imaginer que c'est une solution possible mais il faut peser le risque psychologique de cette fermeture des écoles et peut-être profiter des vacances pour le faire.
Hormis cette hypothèse de la fermeture des écoles, quelles sont, selon vous, les solutions pour enrayer l'épidémie ?
Il y a un élément qu'on a raté, c'est l'anticipation. Il faudrait dès à présent prendre des mesures restrictives ailleurs en France, dans des départements où on n'a pas encore atteint les 400 cas pour 100 000 habitants. L'objectif, ce n'est pas de pousser le système jusqu'au bout et voir jusqu'où il peut résister. Il faut "territorialiser" les mesures et les renforcer par exemple dans des régions comme la nôtre (Hauts-de-France).
"Un trou dans la raquette"
Philippe Amouyel : Il y a un trou dans la raquette dans les réunions privées le weekend. Il faut responsabiliser les gens comme on l'a fait au moment des vacances de Noël. On attendait un effet "Thanksgiving" et on ne l'a pas eu. On ne le doit qu'au sérieux et à la responsabilisation des Français qui ont fait attention et qui se sont faits tester. Ce sont les meilleurs outils pour faire baisser la vague épidémique.
Regrettez-vous le retard dans la distribution des auto-tests ?
Oui, profondément parce qu'en fait, quand vous vous faites tester, vous vous responsabilisez. Si vous êtes positif, vous n'allez pas faire de réunion de famille et si vous êtes négatif, vous continuez à respecter les gestes barrières. Là, c'était la possibilité de le faire à la demande. Aujourd'hui, on fait des tests pour essentiellement faire des diagnostics. Ce qu'il faudrait aujourd'hui pour baisser le seuil, c'est systématiquement tester en masse pour identifier les sujets asymptomatiques qu'on ne voit jamais dans ces tests. Les Anglais considèrent qu'il y a un asymptomatique pour un symptomatique à peu près.
La question de l'immunité collective
A quel moment envisagez-vous une sortie de crise ?
Ca va dépendre de plusieurs facteurs : l'approvisionnement en vaccins parce que ça reste le point faible actuellement, la capacité de mettre en place des vaccinodromes efficaces et de vacciner 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Je vous rappelle qu'on a un variant anglais beaucoup plus transmissible et les objectifs de 60 à 70% qu'on s'était fixés (pour l'immunité collective) sont passés à 70 à 80%. Donc, on aura une amélioration très certainement dans le courant de l'été mais pour sortir complètement de la pandémie, il va falloir vacciner plus de monde et peut-être les mineurs, les jeunes de 15 à 18 ans. Plusieurs pays y réfléchissent.