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Covid-19 : selon une étude, l'épidémie était déjà installée dans le Haut-Rhin dès le mois de février
C'est un des enseignements de l'étude menée sur la propagation du virus depuis le rassemblement évangélique début mars à Mulhouse. Selon l'épidémiologiste clermontois Laurent Gerbaud, la Covid-19 était présente sur ce territoire un mois avant l'alerte des autorités sanitaires.

Le professeur Laurent Gerbaud, chef du pôle de santé publique du CHU de Clermont-Ferrand, a conduit, via le CNRS et l’Institut Pascal, une étude sur la propagation du coronavirus en Alsace. Une double enquête, basée à la fois sur les données du service des urgences de l'hôpital de Mulhouse, mais aussi auprès de la population, 1.400 familles ont répondu à un questionnaire sur internet.
Première conclusion de l'épidémiologiste clermontois, le virus était présent bien avant le rassemblement évangélique à Mulhouse . Les 2.000 participants venus de toute la France et d'ailleurs n'ont fait que répandre le virus en repartant chez eux. Laurent Gerbaud a répondu aux questions de France Bleu Pays d'Auvergne ce jeudi.
Comment a été menée cette étude ?
"L'originalité de cette étude, c'est qu'on a demandé à la population du Haut-Rhin de nous dire à quel moment ils s'étaient ou non sentis malades, ce qu'ils avaient eu comme signe de maladie. Nous avons ensuite croisé ces informations avec des données d'un service d'urgence du Haut-Rhin. "
Et les résultats ?
"Cette étude ne comporte pas de résultats microbiologiques, c'est-à-dire de preuves que les gens sont réellement malades du coronavirus, donc ils peuvent déclarer des maladies qui ressemblent au coronavirus comme étant un équivalent. Notre étude montre que la situation s'est dégradée entre le 26 janvier et le 2 février dans le Haut-Rhin, c'est-à-dire au moins un mois avant l'alerte donnée le 3 mars."
Le rassemblement évangéliste à Mulhouse aurait uniquement occasionné la propagation du virus sur le territoire ?
"L'histoire telle qu'elle est "racontée" n'est pas totalement exacte. Le rassemblement a en effet fait venir des gens de toute la France mais il a débuté le 17 février. Or, pour nous, l'épidémie dans le Haut-Rhin était déjà installée au-dessus du seuil épidémique dès le début du mois de février, si ce n'est à la fin du mois de janvier. Par contre, il y a eu effectivement une augmentation des cas parmi les personnes de la Porte ouverte chrétienne parce qu'ils s'étaient regroupés. 2.000 personnes sont reparties dans toute la France et ont diffusé le virus sur le territoire mais il était déjà présent à ce moment-là dans le Haut-Rhin."
En anticipant un mois plus tôt, est-ce qu'on aurait pu, d'après votre étude, éviter un confinement général en France ?
"Bien entendu. On peut toujours réécrire l'histoire et refaire les matchs. Ceci dit, si début février on avait donné l'alerte dans le Haut-Rhin et qu'on avait fait au moins une politique de confinement partiel en interdisant les grands rassemblements, il n'y aurait pas eu ce rassemblement de la Porte Ouverte Chrétienne ni de dissémination du virus dans toute la France. Il ne faut pas oublier que cette épidémie est gérée par rapport aux moyens hospitaliers dont on dispose."
Nous ne sommes pas à l'abri d'un reconfinement généralisé ?
"Je pense qu'il y a quand même eu un apprentissage de la gestion de l'épidémie. La façon dont cela a été géré en Mayenne me rend un peu optimiste de ce point de vue là. C'est très difficile de prévenir les choses parce que cette épidémie ne se diffuse pas de manière moyenne et constante. Dans 80% des cas, le taux de transmission du virus est très faible. Et puis il y a les situations super-transmetteuses, c'est-à-dire qu'un sujet va donner 12 ou 18 malades supplémentaires."
Le port du masque est-il réellement efficace ?
"Le port du masque a une réelle efficacité pour protéger les autres. Par rapport à l'argument stupide qui consiste à dire que le port du masque est liberticide, il est également liberticide de porter une arme et tuer quelqu'un dans la rue. Ça fait partie des règles de la société, on est là aussi pour protéger les autres. Par contre, ce que l'on peut constater, c'est qu'il y a encore beaucoup de gens qui ne portent pas le masque au niveau du nez, alors qu'il y a autant de particules que dans la bouche."
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