Passer au contenu

Le média
de la vie locale

Publicité
Logo France Bleu

Dans le sud lorrain, le difficile combat contre les déserts médicaux

Par

Comme dans d'autres régions, la Meurthe-et-Moselle et les Vosges font face à des problèmes de démographie médicale quand on s'éloigne des grands centres urbains. La faculté de médecine de Nancy augmente ses effectifs et les élus locaux tentent de s'organiser.

La lutte contre les déserts médicaux est difficile La lutte contre les déserts médicaux est difficile
La lutte contre les déserts médicaux est difficile © Maxppp - Jean François Ottonello

La question des déserts médicaux au menu du déplacement d'Emmanuel Macron dans le Limousin en ce début de semaine. Le gouvernement estimait en 2017 que plus de cinq millions d'habitants vivaient dans un désert médical, dans 9 000 communes environ. Des zones où les besoins moyens de santé ne sont pas couverts dans un rayon de 20 minutes, soit parce qu'il n'y a pas de médecin, soit parce qu'il y en a en nombre insuffisant. Le nombre de médecins formé augmente mais cela prend du temps et les élus locaux tentent de trouver des solutions.

Publicité
Logo France Bleu

Exemple à Thaon-les-Vosges près d'Epinal : "il y a dix ans, on avait onze médecins généralistes pour un bassin de 12 000 habitants et aujourd'hui on est six médecins pour la même population, ça pose un problème" selon le maire de Thaon Cédric Haxaire. Evelyne habite Thaon, elle y a son médecin généraliste, pour les spécialistes, c'est à Epinal ou Strasbourg. Evelyne qui a adopté une stratégie bien à elle pour ne pas se retrouver démunie : "moi, j'essaye de trouver des médecins pas trop vieux comme ça, j'en ai pour un petit moment". Une maison médicale doit ouvrir en octobre prochain. Deux généralistes devraient s'y installer, peut-être un troisième. 

Pour aller plus loin, la mairie a décidé de financer une partie de la formation d'une infirmière qui veut changer de voie et devenir médecin. En échange, elle s'engage à dix années de service sur la commune. Un risque qu'il faut prendre pour le maire Cédric Haxaire : "c'est 12 000 euros par an sur trois ans, ce n'est pas anodin. Ce n'est qu'à ce prix qu'on arrivera peut-être à compenser nos difficultés".

Cédric Haxaire, maire de Thaon-les-Vosges
Cédric Haxaire, maire de Thaon-les-Vosges © Radio France - Cédric Lieto

Une question revient souvent : celle de l'obligation d'installation pour les médecins dans des zones sous-dotées. C'est ce que défend sur Franceinfo Michel Fournier, le maire des Voivres (Vosges) et président de l'association des maires ruraux de France : "ce gouvernement n'a pas osé prendre des mesures coercitives qui seraient nécessaires de manière à ce qu'il y ait une implantation beaucoup plus aménagée sur nos territoires". Contraindre les médecins à travailler en zone rurale, ce ne serait pas une bonne idée estime de son côté Marc Braun, doyen de la faculté de médecine de Nancy : "forcer quelqu'un à aller à un endroit pendant trois ans, il va y aller à reculons et puis au bout de trois ans, il s'en ira. Ce sont des mesures à courte vue du point de vue du futur médecin qui devra s'insérer dans un canton, un tissu communal". Marc Braun qui reconnaît qu'il est "logique" que l'Etat et les contribuables aient "des demandes par rapport à ces étudiants-là".

300 professionnels de santé soutenus par le Département des Vosges"

Dans les Vosges, le conseil départemental a lancé un plan santé dès 2017 après un an de travail et de réflexion. Il avait été calculé à l'époque que plus d'une centaine de généralistes allaient partir à la retraite sur la période 2016-2026. Le conseil départemental présidé par François Vannson a donc décidé de mettre en place des incitations à l'installation de professionnels de santé. Un dispositif qui porte ses fruits selon François Vannson : "on apporte des conseils par rapport à la création de maisons médicales par exemple ou des supports financiers pour inciter des professionnels de santé à venir dans le département [...] Ca fonctionne puisque nous avons 300 professionnels de santé qui ont été soutenus par le Département pour leur installation". François Vannson qui veut aller plus loin en soutenant certains investissements dans les établissements hospitaliers.

Des capacités de formation de médecins qui restent limitées

Reste une question, celle du nombre de médecins formés en France. Le numerus clausus, le nombre d'étudiants acceptés en deuxième année de médecine a été supprimé en 2021. Cela ne veut pas dire pour autant que le nombre de médecins formés va exploser. La faculté de médecine de Nancy était limitée à 304 étudiants par promotion, elle passe à 350 explique Marc Braun, le doyen : "la quantité est fonction de nos capacités de formation, de l'accueil sur les stages, l'accompagnement par les maîtres de stages, on ne fabrique pas des maîtres de stages d'un claquement de doigt mais je comprends la frustration des politiques parce que ça tarde et que ce n'est pas assez dense dans les territoires".

Publicité
Logo France Bleu