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Dix ans de l'iPhone : "Les smartphones ont changé notre rapport au temps, à l'espace et à l'information"
Il y a dix ans, le 29 juin 2007, Apple mettait en vente le premier iPhone. Dix ans plus tard, "L'iPhone et les smartphones ont changé notre rapport au temps, à l'espace et à l'information", estime la sociologue Catherine Lejealle, spécialiste des nouvelles technologies.

Il y a dix ans, le 29 juin 2007, Apple mettait en vente l'iPhone, l'appareil qui a révolutionné l'industrie des téléphones portables et changé nos habitudes. A l'époque où le petit accessoire à écran tactile est mis en vente, le marché est dominé par les téléphones à clavier de Blackberry. Dix ans plus tard, le groupe a écoulé plus d'un milliard d'iPhone, qui en est à sa septième version. La huitième devrait être annoncée à la rentrée. Mais l'iPhone a surtout permis le développement d**'une multitude d'applications** qui en font un vrai couteau-suisse. Les innovations d'Apple ont été copiées et parfois améliorées par les autres constructeurs. "Les smartphones ont changé notre présence au monde", estime la sociologue Catherine Lejealle, spécialiste des nouvelles technologies et enseignante à l'ISC Paris, une école de commerce et de management.
Avec les smartphones, "le temps devient plus court, mais aussi plus intense"
"Avec les smartphones, tout devient urgent", explique la sociologue. "Tout est immédiat. On fait du zapping, du multi-tasking (plusieurs tâches à la fois), et le temps devient plus court, mais aussi plus intense". Le plus marquant, pour la chercheuse, c'est qu'on à "tout à portée de main : lorsqu'on a une idée, on a immédiatement l'information ou la solution qu'on cherche. Résultat, on anticipe beaucoup moins nos déplacements ou nos sorties : "pas besoin d'acheter l'officiel des spectacles ou le journal pour avoir les horaires de cinéma, il suffit de se connecter à son smartphone. Pas besoin non plus d'un plan pour savoir comment se rendre au cinéma, le smartphone va nous l'indiquer. Il y a une forme de facilité, de soulagement", explique la chercheuse. Le smartphone nous libère d'une certaine charge."
Se dédoubler grâce au smartphone
"Le smartphone a aussi bouleversé notre rapport à l'espace", poursuit Catherine Lejealle. Au travail, à l'école ou dans les transports, on peut être ailleurs. "Partout, on peut lire, jouer, regarder des photos ou parler avec son amoureux", sourit la chercheuse. Sans compter que le téléphone a remplacé le GPS et les cartes routières.
L'info partout, tout le temps
Le rapport à l'information a également été bouleversé. "L'info est pléthorique, gratuite et partout à la fois, explique la chercheuse. "L'expérience est plus riche, l'information aussi." Mais Catherine Lejealle rappelle aussi l'effet pervers de l'infobésité, la surinformation. "C'est désormais l'attention qui est une ressource rare." En clair, parmi le flot d'informations ou de publicités, difficile pour un article ou un annonceur de retenir l'attention d'un lecteur ou d'un consommateur, sollicité de toutes parts. Car dans le même temps, "il y a une fragmentation de l'attention, nous avons tous des problèmes de concentration". Cas typique, la lecture d'un article est détournée par la réception d'un mail, elle-même interrompue par une notification Facebook, Twitter ou un SMS.
Un couteau suisse devenu concierge de luxe
Le smartphone a aussi remplacé une multitude d'objets, rappelle la chercheuse. "Le smartphone est un couteau suisse. Et en 10 ans, sa technologie a énormément évolué." Il remplace désormais le lecteur MP3, mais aussi l'appareil photo, le GPS et la console de jeux, "puisque c'est devenu le premier support de jeu." La baisse des prix a concouru à la démocratisation des smartphones. "Grâce aux forfaits peu chers et au réseau 4G, les smartphones sont devenus accessibles à tous, explique Catherine Lejeall. Les freins financiers et techniques on disparu. Le smartphone a aussi remplacé le réveil et le minuteur, parfois même la boussole ou le niveau. Pour la chercheuse, "c'est devenu une sorte de concierge de luxe."
Vie privée, vie publique
Avec les smartphones, "on a envie de tout savoir, de tout lire à la fois" , rappelle Catherine Lejealle. "Et cette révolution s'est jouée en très peu d'années. Pour ne pas en devenir prisonnier, la chercheuse estime que "c'est à nous d'apprendre à être sélectifs, ça demande forcément des adaptations dans les années a venir. Le smartphone a aussi aboli les frontières entre la vie privée et la vie professionnelle. D'après la chercheuse, le droit à la déconnexion est loin d'être revendiqué par tous les salariés. Alors qu'ils pourraient déconnecter, "beaucoup continuent à regarder leurs mails en dehors du travail pour se rassurer. Dans un contexte miné par le chômage, c'est une façon de se dire que si on reçoit des mails, c'est qu'on existe, qu'on est important, décrypte la sociologue. C'est aussi une façon de montrer à son employeur qu'on est très investi et passionné et par son travail. Alors que ce serait mieux d'être déconnecté, car on n'est pas forcément efficace quand on travaille de n'importe quel endroit", conclut la chercheuse, qui a écrit "J'arrête d'être hyperconnecté", un livre sur la détox digitale.