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Reconfinement : "C'est un échec : on n'a pas su modifier les comportements pour l'éviter" (Franck Chauvin)
Franck Chauvin, professeur stéphanois membre du Conseil scientifique, s'exprime suite au reconfinement annoncé par Emmanuel Macron. Tout en saluant la mesure, il décrit un "échec collectif" de la communauté scientifique à faire évoluer les comportements face au virus.

Il fait partie des médecins et scientifiques qui rendent des avis auprès du président sur l'avancée du coronavirus, et conseillent les protocoles à mettre en place pour l'enrayer. Franck Chauvin, membre stéphanois du Conseil scientifique et président du Haut Conseil de la Santé Publique, nous accorde un entretien sur le reconfinement que vient de prononcer Emmanuel Macron.
Le confinement était-il vraiment LA mesure nécessaire pour faire face à la deuxième vague de l'épidémie ?
Il y avait une telle accélération du virus qu'il fallait absolument freiner sa progression. Nous avions tiré la sonnette d'alarme, au Haut Conseil scientifique, pour rappeler à quel point avec cette circulation, qui était plus rapide que prévue, le danger était là.
Ce reconfinement n'est pas identique à celui qu'on a vécu au printemps. On est encouragés à aller travailler, les visites en Ehpad sont autorisées, et puis les écoles, collèges, et lycées restent ouverts. Est-ce qu'un confinement peut être efficace avec toutes ces modalités selon vous ?
Ce que nous a présenté le chef de l'Etat, c'est un plan de réduction de la circulation du virus ; de protection des plus fragiles qui, on le sait, sont les principales victimes de cette épidémie ; la protection de l'hôpital, parce que l'hôpital est au bord de la crise ; et maintenir une activité culturelle, éducationnelle et économique. Ce sont ces quatre piliers, plus qu'un confinement, qui ont été exposés par le chef de l'Etat. Par exemple, pour ce qui est de la partie éducationnelle, le chef de l'Etat a rappelé à plusieurs reprises à quel point il considérait comme important que l'éducation scolaire puisse continuer, et c'est la décision qui a été prise.
Si on parle de protection des plus fragiles, pour rappel, si on prend l'exemple de la métropole de Saint-Etienne, le taux d'incidence des plus de 65 ans y est de plus de 2.000 nouveaux cas positifs pour 100.000 habitants. On ne sait pas les protéger ? Pourquoi dans ce cas laisser autorisées les visites en Ehpad ?
Le taux de contamination des plus âgés est dramatique, il faut bien s'en rendre compte. Nous avons, les uns et les autres, contaminé des personnes âgées et on sait le risque qu'elles prennent. Le chef de l'Etat a rappelé à quel point l'âge est un facteur aggravant de cette pandémie. Il fallait prendre des décisions, et il a rappelé les recommandations du Conseil Scientifique : porter le masque à l'intérieur, respecter la distance, même à l'intérieur quand on est avec des plus jeunes qui sont avec le virus.
Dans les Ehpad, c'est comme ailleurs : il faut que nous arrivions à modifier nos relations avec les autres, mais pas les supprimer. C'est tout la difficulté. Et c''est ce qu'on a raté : le taux de contamination nous indique que nous avons raté le virage d'un autre type de relation sociale, c'est-à-dire de respecter une distance, de faire attention à ne pas contaminer, donc dès qu'on est malade, de mettre un masque, de s'isoler, etc.
On n'a pas appris du précédent confinement ?
Bien sûr qu'on n'a pas appris. C'est une forme d'échec collectif, c'est nous tous, les scientifiques, et moi en santé publique, d'avoir pu convaincre à quel point ces gestes barrières sont importants. On a quand même sept gestes barrières différents, et ils laissent passer le virus, ça veut dire qu'on ne les applique pas directement. C'est très préoccupant, parce qu'il y a un deuxième confinement, mais qu'est-ce qu'on fait après ? Si on ne change pas nos habitudes, on peut s'attendre à avoir comme ça une succession de stop and go. Et ça, ce serait dramatique pour tout le monde.
Emmanuel Macron a dit dans son allocution que les tests et le traçage devaient nous permettre de tenir jusqu'à l'été et au vaccin. Comment est-ce qu'on peut sortir par le haut de cette situation ?
Personne ne sait l'échéance, un vaccin, c'est très long à mettre au point. Il ne faut pas attendre ce genre de chose. On sait par exemple que pour la grippe, très peu de gens sont vaccinés. On sait qu'il y a des réticences à la vaccination. Donc il faut, mais on sait que ça va être long, modifier nos types de relations sociales. Beaucoup de gens l'ont fait spontanément, mais ça n'est pas suffisant. Il était nécessaire de stopper un peu l'emballement de cette épidémie et ses conséquences notamment chez les plus fragiles.
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