Grippe aviaire : Ceva Santé animale, à Libourne, a mis au point un vaccin... qui ne sera pas commercialisé
Le laboratoire vétérinaire Ceva Santé Animale, dont le siège social est à Libourne, a travaillé pendant six mois à la fabrication d'un vaccin contre la grippe aviaire. Mais la France ne veut pas le commercialiser, car il empêcherait les importations.

Après six mois de recherches, Ceva Santé animale, le groupe vétérinaire dont le siège social se trouve à Libourne, a mis au point il y a quelques semaines un vaccin contre la grippe aviaire, notamment contre la souche H5N8, qui a touché l'an dernier plusieurs élevages d'oies et de canards. Deux épidémies successives avaient touché les éleveurs de palmipèdes durant les deux derniers hivers en France.
L'entreprise girondine dispose d'un million de doses prêtes à être utilisés. Mais ce vaccin n'a pas reçu d'autorisation de mise sur le marché : les autorités françaises ne veulent pas le commercialiser, car selon la réglementation, cela empêcherait toute exportation de la production française.
C'est une décision que je comprends. Les mesures de biosécurité qui ont été prises jusque là par la filière ont suffi. Le choix qui a été fait par le gouvernement s'est donc avéré pour l'instant le bon choix. Nous, nous gardons des doses, au cas où, si la situation devient hors-contrôle. — Marc Prikazsky, président de Ceva Santé animale
"Nous sommes prêts, au cas où" Marc Prikaszky , président de Ceva Santé Animale
Tout cela n'empêche pas Ceva Santé Animale de poursuivre son expansion et d'afficher sa bonne santé. La société, spécialisée dans les produits pharmaceutiques et les vaccins pour les animaux, emploie au total 5 500 personnes dans le monde, dont 1 500 en France.
L'an dernier, elle a conforté sa place de n°1 français du secteur, avec un chiffre d'affaire en hausse de 20%, dépassant pour la première fois le cap du milliard d'euros. Les ventes ont progressé partout l'an dernier à travers le monde ,+ 39% notamment en Europ. L'ancienne filiale de SANOFI a bien grandi depuis son rachat il y a 19 ans : elle a multiplié sa taille par 9.
C'est un peu grandir ou mourir. Nous sommes dans un secteur très concurrentiel, nous sommes devenus le sixième groupe mondial, et nous sommes fiers de porter haut les couleurs françaises. — Marc Prikaszky

Preuve de cette bonne santé : les investissements en cours. Sur le site de Libourne, où travaillent 800 personnes, un bâtiment industriel de 2.600 m2 est en construction, pour renforcer les capacités de stockage. Il va coûter 8 millions et demi d'euros et sera livré en novembre prochain.
Nous nous attaquerons ensuite à un plus vaste chantier : la refonte totale de notre siège social, à Libourne. Nous nous sommes d'abord intéressés à notre outil de travail, nous allons maintenant nous intéresser à notre cadre de vie.
Ce chantier sur le site libournais devrait prendre au total trois ans, pour un coût estimé à 20 millions d'euros.