Couvre-feu : "c'est radical mais notre système de santé n'est pas capable d'absorber une vague identique"
Le chef de l'Etat annonce un couvre-feu nocturne dans huit métropoles et en Île-de-France. Le Centre-Val de Loire n'est pas concerné pour le moment, mais ses recommandations concerne tous les français, notamment sur la limitation à six personnes des rassemblements familiaux ou amicaux.
Matinale spéciale ce jeudi sur France Bleu Orléans après les annonces du président de la République face au Covid-19 mercredi soir à la télévision : Emmanuel Macron annonce un couvre-feu nocturne dans huit métropoles et en Ile-de-France à partir de samedi, pour au moins quatre semaines. Il recommande également aux français de ne pas être plus de six à table entre amis ou en famille ou lors de fêtes d'anniversaire.
Le Centre-Val de Loire n'est pas (ou pas encore) concerné par le couvre-feu nocturne, mais rappelons que le Loiret est tout proche du passage en zone d'alerte renforcée.
A 7h15 , le président (PS) de la région Centre Val-de-Loire François Bonneau estime que ces mesures annoncées par le chef de l'état sont "nécessaires" : "c'est un nouveau coup dur, mais en même temps nous n'avons pas droit de jouer avec le feu, il en va de la santé, il en va de la vie d'un certain nombre de nos concitoyens. Donc les mesures sanitaires s'imposent, elles doivent être conjuguées avec les mesures économiques".
François Bonneau approuve les mesures sanitaires annoncées par le président Macron
François Bonneau indique que "la Région est totalement mobilisée pour faire face à la crise économique et soutenir nos entreprises, il y des moyens mis à disposition, notamment le fonds Renaissance", poursuit François Bonneau qui présente son plan de relance de l'économie régionale ce jeudi lors de la session du conseil régional,
A 7h45, l'invité de France Bleu Orléans est le docteur Grégoire Muller, chef par intérim du service réanimation du Centre Hospitalier Régional d'Orléans : il estime que "le couvre-feu nocturne" dans huit métropoles et en Ile-de-France annoncé par le chef de l'état "est une chose importante" : "c'est radical mais il faut comprendre que le système de santé français n'est pas capable d'absorber une vague identique à la première".
On ne peut plus déprogrammer des patients comme lors de la 1ère vague"
"On ne peut plus déprogrammer des patients, parce qu'il y a déjà des centaines de milliers de patients dont la prise en charge a été retardée par la 1ère vague et n'a pas pu être rattrapée sur l'été malgré l'annulation des vacances des français et l'augmentation des programmes opératoires, par exemple pour la chirurgie", explique le médecin.
"Et puis, les simulations d'évolution de l'épidémie simulent une saturation de toutes les régions de manière simultanée, c'est-à-dire que, contrairement à la première vague, on envisage qu'il n'y aura pas de possibilité de transférer des malades d'une région à l'autre si une région déborde."
A Orléans, on est déjà en saturation de débordement !"
Au CHR d'Orléans, "la saturation guette, tous les patients admis pour Covid prennent factuellement la place d'un patient de réanimation car on ne peut pas s'étendre massivement et à hauteur de l'épidémie qu'on vit déjà. Dix patients COVID en réanimation actuellement, c'est plus d'une demie douzaine de patients de réanimation qu'il a fallu caser ailleurs, donc on est déjà en situation de débordement actuellement".
A 8h10, le maire LR d'Orléans Serge Grouard, tacle le président de la République Emmanuel Macron : "ce que je regrette, c'est qu'on a un gouvernement qui donne le sentiment de naviguer à vue. Il est entre le dérisoire et l'excessif, et est incapable d'anticiper la crise : au début de l'été, beaucoup de médecins disaient "attention, le virus va revenir !" et qu'est-ce qui a été fait ? Rien, nous sommes tous partis plus ou moins en vacances et le virus s'est à nouveau répandu. Du coup, on prend des mesures extrêmement dures, qui vont avoir un impact dramatique sur des pans entiers de notre économie, je pense au monde culturel"
On laisse une fois de plus les soignants se débrouiller !"
Le maire d'Orléans poursuit : "le président de la République est dans une dramaturgie permanente, avec des mots qui font peur. Il faut en appeler à la responsabilité et donner les moyens aux hôpitaux, dont celui d'Orléans, de pouvoir faire face. Or depuis des mois, rien n'est fait dans ce domaine, et on laisse une fois de plus les soignants se débrouiller !"
A 8h40, Sabine Ferrand, présidente de l'UMIH en Centre Val-de-Loire, l'union des métiers et industries de l'hôtellerie, se dit sous le choc. "Il y a de quoi être sous le choc, on a reçu un énième coup de massue, ces mesures sont punitives avec des conséquences très dures pour notre secteur, voire dramatiques pour certains professionnels. Je ne sais pas comment on se remettra de cette catastrophe, plus on avance, plus nos métiers sont stigmatisés !"
Pour la représentante des cafetiers, restaurateurs et hôteliers,"on ne coupera pas nous aussi en Centre Val-de-Loire au couvre-feu : que pensez-vous que les parisiens vont faire dans les 48h à venir ? Les vacances arrivent ils vont profiter pendant dix jours de nos campagnes, donc ce sera des risques en plus et d'ici dix à quinze jours on arrivera peut-être aussi à des fermetures dans notre région."