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Hôpital : un collectif dénonce une situation "catastrophique" en pédiatrie, faute de personnel

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"Des enfants en situation d'urgence ne peuvent plus être pris en charge par les services compétents" de pédiatrie faute de personnel, dénonce ce jeudi le Collectif Inter-Hôpitaux, alors que la bronchiolite poursuit sa progression en France. Pour la ministre à l'Autonomie, "il n'y a pas de tri".

Lits d'hôpitaux fermés faute de personnel : des médecins dénoncent une situation "dramatique" en pédiatrie (illlustration) Lits d'hôpitaux fermés faute de personnel : des médecins dénoncent une situation "dramatique" en pédiatrie (illlustration)
Lits d'hôpitaux fermés faute de personnel : des médecins dénoncent une situation "dramatique" en pédiatrie (illlustration) © Maxppp - Bruno Levesque / IP3

Au lendemain de la publication d'une étude dirigée par le président du Conseil Scientifique indiquant que 20% des lits des hôpitaux publics sont fermés en raison du manque de personnel, le Collectif Inter-Hôpitaux (CIH) alerte sur la situation "catastrophique" en pédiatrie. Arrêts maladie, démissions : infirmiers, médecins ou aides-soignants manquent à l'appel et "des enfants en situation d'urgence ne peuvent plus être pris en charge par les services compétents", affirme le collectif.

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Une situation préoccupante alors que l'épidémie de bronchiolite touche déjà 11 des 13 régions de France métropolitaine, et pourrait être particulièrement forte cet hiver après une année blanche due au Covid, a prévenu Santé publique France. La ministre déléguée à l'Autonomie Brigitte Bourguignon reconnaît des tensions, mais récuse le terme de "tri".

En ce mois d'octobre, nous n'avons pas pu accueillir cinq enfants en situation d'urgence vitale

"Les difficultés que nous rencontrons actuellement sont totalement inédites", a déclaré Oanez Ackermann du service d'hépatologie pédiatrique du Centre hospitalier universitaire Bicêtre (AP-HP) lors d'une conférence de presse organisée par le CIH. Dans cet établissement, 10 lits sur 24 sont aujourd'hui fermés. "En ce mois d'octobre, nous n'avons pas pu accueillir cinq enfants en situation d'urgence vitale" et avons dû annuler "25 hospitalisations programmées depuis plusieurs mois", a détaillé la pédiatre.

"Difficultés inédites" qui obligent à "trier" les patients

"C'est du tri", a martelé Véronique Hentgen, pédiatre au Centre hospitalier de Versailles, évoquant le report d'une chirurgie pour une infection ganglionnaire, la non hospitalisation d'un enfant nécessitant un électroencéphalogramme pendant 24 heures, d'un autre souffrant de douleurs articulaires ou encore l'impossibilité de poser des pompes à insuline "car il n'y a plus de place d'hospitalisation".  

Une situation d'autant plus "grave" pour Christophe Marguet, chef de service au CHU de Rouen, que "l'hôpital public est le seul recours en médecine pédiatrique".

Il y a tellement de choses à faire seule que j'ai parfois peur de me tromper dans mes diagnostics

Lisa Ouss, pédopsychiatre à l'hôpital Necker-Enfants Malades, a fait état de "conditions inéthiques, suscitant une charge mentale, une responsabilité terrible, qui ne suscitent pas de vocations et contribuent à éloigner de l'hôpital de jeunes praticiens". Laurent Rubinstein, infirmiers urgences et réanimation, a dit arriver à l'hôpital "la boule au ventre car nous ne savons pas si nous sommes en nombre suffisant".

Même inquiétude pour ce médecin du CHU de Poitiers, qui a témoigné anonymement auprès de France Bleu Poitou : "Il y a tellement de choses à faire seule que j'ai parfois peur de me tromper dans mes diagnostics". Dans cet hôpital, trois médecins sur quatre doivent s'en aller à partir de janvier. "Le service ne pourra plus fonctionner", se désole un praticien. "On espère qu'on ne devra pas en arriver à refuser des enfants ou à les renvoyer vers d'autres hôpitaux, ça serait terrible mais pour le moment c'est la seule possibilité."

Soignants épuisés

"À terme, on constate une perte de chance pour l'enfant qui a besoin de soins, pour les parents confrontés à la maladie chronique, et un épuisement des soignants", a indiqué Isabelle Desguerre, cheffe de service neuropédiatrie au CHU-Necker Enfants-Malades, lors de la conférence de presse organisée par le CIH.  

"Il n'y a pas de tri", affirme la ministre déléguée à l'Autonomie 

"Il n'y a pas de tri" dans les services d'urgence pédiatriques, a assuré jeudi soir au Sénat la ministre déléguée à l'Autonomie, Brigitte Bourguignon. "Sur la pédiatrie, c'est sûr, il y a des tensions, nous n'en disconvenons pas", a reconnu la ministre. "Mais il n'y a pas de tri, notamment dans les urgences", a-t-elle affirmé, ajoutant qu'"il est hors de question de ne pas prendre un enfant en urgence vitale".

Soit le politique décide d'abandonner l'hôpital public, soit il prend enfin le problème à bras le corps

"Un certain nombre d'unités dans des hôpitaux sont obligées de fermer temporairement, ou de réduire la voilure, faute de soignants, faute surtout de pouvoir en recruter", a reconnu le ministre de la Santé, Olivier Véran, dans une interview à Libération publiée mercredi. "C'est variable d'un hôpital à l'autre, mais c'est beaucoup. C'est à peu près le double de lits fermés par rapport à la même époque il y a deux ans", a également admis Rémi Salomon, président de la commission médicale des Hôpitaux de Paris sur RTL.

Pour Véronique Hentgen, pédiatre au Centre hospitalier de Versailles, "nous sommes donc aujourd'hui à la croisée de deux chemins : soit le politique décide d'abandonner l'hôpital public, soit il prend enfin le problème à bras le corps et engage une réforme de fond (financement, recrutement, gouvernance) qui garantira un accès aux soins pour tous de qualité".

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