Ille-et-Vilaine : ils "pissent" contre le glyphosate
Les pisseurs involontaires de glyphosate d'Ille-et-Vilaine se sont réunis pour la première fois à Langouët au nord de Rennes samedi 04 mai. 35 personnes ont uriné pour savoir la présence ou non de l'herbicide dans leur corps.
Il est peu banal de voir des hommes et des femmes presque nus dans la bibliothèque municipale de Langouët (Ille-et-Vilaine) au nord de Rennes.
Ce samedi 04 mai, 35 "pisseurs involontaires de glyphosate" se sont réunis pour la première fois dans le département. L'objectif : uriner, sous contrôle d'un huissier, dans des petites fioles, et envoyer les échantillons dans un laboratoire allemand, pour connaître le taux de concentration glyphosate dans l'organisme.

Des taux 10 fois supérieurs à la limite autorisée
Une initiative qui est née il y a quelques années en Ariège et qui se multiplie en France, afin de dénoncer l'utilisation de l'herbicide notamment dans les cultures agricoles. Même si on ne connaît pas exactement les effets du glyphosate sur notre santé, la présence de ce produit dans notre corps inquiète.
"Le taux autorisé est de 0,1 ng/millilitre, mais on a constaté lors des premières campagnes des pisseurs que les taux étaient 10 fois supérieurs" explique David Thomas de l'association PIG BZH (pour pisseurs involontaires de glyphosate). "On a même un cas en Ariège où le taux est 30 fois supérieur !".
De quoi inquiété Erwan Bourdon. Cet apiculteur s'est prêté au jeu du test à Langouët. "J'ai connu des périodes de mortalités excessives chez mes abeilles" souligne Erwan. "Si les abeilles vont mal à cause des pesticides, on peut aussi envisager des répercussions sur l'homme".
Linda était également présente, avec sa fille de cinq ans : "C'est assez effrayant de se dire qu'on est tous contaminés, et qu'on est loin d'être protégés, même à la campagne" estime-t-elle.

Si cette opération à eu lieu à Langouët, c'est car la commune est en avance sur le domaine écologique, avec notamment depuis 2004 la présence d'une cantine 100 % bio. "C'est intéressant de voir si même dans ce village les habitants sont exposés au glyphosate." explique David Thomas.
Chaque pisseur s'est acquitté d'une somme de 85 euros ou 135 euros en cas de dépôt de plainte pour mise en danger de la vie d'autrui. Les résultats seront connus dans un mois.
En tout, 1600 personnes se sont inscrits comme pisseurs involontaires de glyphosate en Bretagne et en Loire-Atlantique. La prochaine opération en Ille-et-Vilaine se déroulera la semaine prochaine, dans une commune encore secrète. Les pisseurs craignent la réaction de certains agriculteurs.