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IVG à 14 semaines au lieu de 12, deux à trois femmes concernées par mois au Planning Familial de Saint-Étienne
Les députés adoptent définitivement ce mercredi 23 février la proposition de loi rallongeant le délai d'interruption volontaire de grossesse. Les femmes auront désormais 14 semaines pour avorter contre 12 actuellement. Une mesure qui concerne "2 à 3 femmes par mois" au Planning Familial stéphanois.

Le délai pour recourir à une interruption volontaire de grossesse va passer de 12 à 14 semaines (de 14 à 16 semaines d'aménorrhée). Le vote définitif de cette proposition de loi passe devant les députés ce mercredi 23 février, après une navette parlementaire où le Sénat a constamment rejeté le texte. Cette mesure concerne deux à trois personnes par mois à Saint-Étienne selon Carole Bardotti, la responsable interne du Planning Familial 42.
France Bleu Saint-Étienne Loire - Il y avait un besoin ? Vous recevez beaucoup de femmes au planning familial 42 qui viennent vous demander conseil sur l'avortement avec une grossesse déjà bien entamée ?
Carole Bardotti : C'est quotidien au niveau national, oui. Tous les jours, on croise des femmes qui viennent sur nos différents accueils et qui ont dépassé les délais légaux pour pratiquer une IVG en France. Sur le planning de Saint-Étienne, on doit peut-être accueillir deux ou trois femmes chaque mois qui sont dans cette problématique-là, donc souvent qui arrivent à 14, 15 semaines d'aménorrhée qui ont dépassé le délai environ d'une semaine.
Comment se fait-il que ce délai est dépassé? C'est parce qu'elles se sont rendu compte tardivement qu'elle était enceinte, parce qu'on a du mal à avoir un professionnel de santé. Dans notre département, dans notre région...
Très souvent ça va être une découverte tardive de la grossesse. Une femme qui a des cycles très irréguliers ou une femme qui est sous contraception orale et qui aura quand même eu des règles. Pour d'autres, ce sera plus un début de grossesse qui était souhaité. Puis, dans les méandres de la vie, le compagnon s'en va. La grossesse n'est plus la bienvenue. Ça concerne aussi quelques femmes. On est plutôt dans ces situations-là, dans la Loire. On a la chance d'avoir pas mal de relais possibles. Et les femmes qui vraiment se sont fait piéger par des rendez-vous trop lointains dans un centre hospitalier ou pour une échographie, c'est déjà plus rare. On n'est jamais suffisamment équipé, bien sûr, mais généralement, on trouve quand même une réponse et on trouve des rendez-vous. Il y a des départements pour lesquels clairement pouvoir trouver une place, où un premier rendez-vous à l'hôpital, c'est trois semaines de délai. On n'est pas tout à fait dans ce cadre-là dans la Loire.
Est-ce que vous pensez que ce délai plus long pour pouvoir pratiquer un avortement va augmenter le nombre d'IVG pratiquées par an ?
Cela va augmenter le nombre d'IVG, mais ces IVG se font déjà, elles ne sont juste pas comptabilisées. De toute façon, je crois qu'une femme qui souhaite pratiquer une IVG, elle trouvera tous les moyens possibles pour pouvoir le faire. La grosse différence, c'est que plutôt que de traverser la moitié de la France pour pouvoir faire pratiquer une IVG à l'étranger, ça pourra se faire dans de bonnes conditions ici en France. À l'heure actuelle, si vous voulez pratiquer une IVG à l'étranger, c'est pouvoir prendre en charge tous les frais médicaux, les frais de trajet, tout est à la charge de la patiente. On se retrouve avec une vraie disparité entre les femmes qui ont les moyens d'interrompre leur grossesse à l'étranger et les femmes qui ne les ont pas. Alors que, le Planning se bat pour que les femmes aient le droit de disposer de leur corps selon leurs propres choix, mais surtout que toutes les personnes aient les mêmes droits.
Une des demandes du Planning Familial concernant ce projet de loi, c'était aussi la suppression de la clause de conscience pour les professionnels de santé qui, actuellement, peuvent choisir ou non de pratiquer une IVG. Les députés ont reculé là dessus. Il n'y aura pas d'interdiction de cette clause de conscience, c'est dommage selon vous ?
Ah oui, c'est dommage et à la fois, j'entends bien que forcer un médecin à faire quelque chose contre sa conscience et son gré, c'est aussi prendre le risque qu'il le fasse, mais mal. En tout cas, ce qu'il faut bien se dire, c'est qu'une femme qui se prend un refus de la part de son médecin c'est quelque chose de stigmatisant et culpabilisant.
Est-ce que vous craignez que les médecins fassent plus souvent appel à cette fameuse clause de conscience étant donné que ce délai est allongé à 14 semaines ?
C'est effectivement à craindre, on le voit déjà avec les IVG qu'on appelle nous "les 12-14", les 12-14 semaines d'aménorrhée. Tous les médecins ne la pratiquent pas. Certains s'arrêtent avant la douzième semaine. Donc oui, ça fait partie des choses qui sont un peu à craindre. On va se retrouver à nouveau avec de vraies disparités de territoires. On va devoir, comme c'était le cas il y a quelque temps, faire partir les femmes d'un territoire vers d'autres territoires limitrophes_._
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