PHOTOS - La vie tranquille des animaux à Biotropica en l'absence des visiteurs
Les jardins animaliers de Biotropica, à Val-de-Reuil, sont fermés au public depuis cinq mois. L'absence de visiteurs a-t-elle une incidence sur le comportements des animaux ? Une étude scientifique va être menée par des éthologues pour en mesurer l'impact.
Depuis cinq mois, les animaux de Biotropica, les jardins animaliers de Val-de-Reuil, n'ont vu aucun humain, si ce n'est le vétérinaire et l'équipe de soigneurs qui s'occupent d'eux tous les jours. Dans la serre tropicale de 6000 mètres carrés, "l'ambiance est un petit peu plus calme" concède François Huyghe, le directeur du site et vétérinaire. Pour des raisons d'énergie et de moyens, quelques dispositifs ont été mis à l'arrêt, comme la grande cascade d'eau. "On entend beaucoup plus les animaux qui papotent que les bruits d'eau et on entend un peu moins de conversations et d'enfants qui piaillent" explique le vétérinaire.
Depuis cinq mois, on a pris l'habitude que ce soit beaucoup plus calme - François Huyghe
Pour autant, François Huyghe ne perçoit aucun changement chez les animaux : "Ils sont dans leur petite vie, dans leur bulle. Les plutôt solitaires sont plutôt solitaires, ceux qui sont en groupe vivent en groupe".
Si la libido des humains est parfois en berne avec la crise sanitaire, pas de souci chez les animaux. Dans le bassin des grandes raies noires d'Amazonie, qui vivent en milieu naturel dans un seul fleuve, le Xingu, choisi par le président du Brésil Jair Bolsonaro pour y construire un des plus grand barrages hydroélectriques du monde, c'est l'effervescence : "On a quatre adultes, quatre jeune et dans les adultes, on a au moins deux femelles pleines et quatre bébés en croissance dans un autre bassin" énumère François Huyghe.
"Certains animaux expriment assez peu de comportements ou de perturbations comme les crocodiles notamment qui ne sont quand même pas hyper expressifs" développe François Huyghe et qui pourtant "avec les jours qui rallongent sont à nouveau dans des dispositions amoureuses".
Les alligators albinos sont en pension à Val-de-Reuil, le temps que l'aquarium tropical du Palais de la Porte Dorée à Paris se refasse une beauté. Une fois partis, ils seront remplacés par des gavials du Gange, "des crocodiles en danger critique d'extinction".
ÉCOUTEZ - Reportage : balade dans la serre tropicale de Biotropica
L'absence de public est aussi l'occasion pour les jardins animaliers d'avancer dans de nouveaux projets, comme un nouvel enclos pour les paresseux : "C'est un truc qu'on n'a jamais vu nulle part, des plateformes suspendues pour pouvoir faire un enclos aérien. Les paresseux vont pouvoir faire le tour de la serre avec un réseau de branches et de cordes" détaille le directeur. Autre innovation pour les rats taupes, des rongeurs souterrains de la corne de l'Afrique, "un enclos où les visiteurs pourront les voir se promener sous les galeries".
S'il y en a à qui la présence humaine manque, ce sont les chèvres naines de la ferme des enfants : "C'est les seuls animaux qu'on est autorisé à a papouiller à Biotropica" sourit François Huyghe et "clairement, les chèvres s'ennuient et elles ont hâte, comme nous, que les visiteurs reviennent".
Une étude scientifique sur le comportement des animaux
François Huyghe ne ressent "pas de modification par rapport aux autres années" et le vétérinaire en est persuadé, "l'impact des visiteurs est plutôt neutre ou positif". Pour en être sûr, une équipe d'éthologues est sur le point de prendre ses quartiers à Biotropica "de façon à étudier le comportement des animaux pendant la fermeture et ils continueront leur travail dès lors qu'on sera ouvert" explique le directeur. Savoir si le visiteur est une perturbation pour les animaux intéresse le scientifique.
L'animal a-t-il un comportement enrichi du fait de la présence des visiteurs ? Est-il perturbé ? Ou il s'en fiche complètement ? - François Huyghe
Une façon aussi de répondre scientifiquement aux nombreuses critiques formulées sur la captivité des animaux sauvages. "Si j'avais le sentiment que garder des animaux en captivités, ça nuisait à leur bien-être, je changerai de travail. Je ne me lève pas le matin en disant ah qu'est-ce que je vais pouvoir les embêter" avance François Huyghe, sûr de la mission de conservation des espèces qu'il mène depuis des années. Le directeur de Biotropica espère pouvoir rouvrir au plus vite et assure qu'en deux jours, tout sera prêt pour recevoir les visiteurs. Avec plus de 220.000 visiteurs par an en moyenne, Biotropica est le deuxième site touristique de l'Eure, derrière la fondation Monet à Giverny.