Covid-19 : le CHU d'Amiens s'organise mais pas encore de saturation face à la poussée de l'épidémie
Responsable du service des maladies infectieuses et tropicales au CHU Amiens-Picardie, le professeur Jean-Luc Schmit parle quand même de nombreuses opérations déprogrammées.
Comme au printemps et à l'automne 2020, le CHU Amiens-Picardie s'adapte aux effets de la progression du coronavirus, bien aidé par ses variants. Situation en flux tendus même si il n'y a pas encore de saturation : "il reste de la place pour des patients Covid" précise le professeur Jean-Luc Schmit, invité France Bleu Picardie matin.
40% des opérations médicales déjà déprogrammées
Dans le détail, le CHU a libéré 70 lits pour des patients Covid, dont 45 en service de réanimation : il y avait jusqu'à 140 lits occupés sur la première vague de l'épidémie. A Amiens, la réorganisation des services a déjà commencé : 40% des opérations médicales sont déjà déprogrammées et du personnel est réaffecté au soin des patients Covid.
"Ce sont surtout des opérations à but fonctionnel, en orthopédie et des interventions qui peuvent être décalées : il n'y aura pas de mise en oeuvre de la vie des patients" rappelle le professeur Jean-Luc Schmit.
Comme l'Oise et l'Aisne, la Somme fait toujours face à une augmentation du taux d'incidence : 446 cas de Covid pour 100 000 habitants selon les derniers chiffres. Alors, l'arrivée probable d'un grand centre de vaccination à Amiens va-t-elle régler la situation ?
"Il faut aussi augmenter la prise en charge des 17 centres de vaccination" souligne le professeur Schmit, au moment où le centre d'Abbeville a dû fermer ce samedi 27 et ce dimanche 29 mars, faute de doses suffisantes.
"On n'a pas encore la prétention de ralentir l'épidémie grâce à la vaccination"
La vaccination s'étend quand même à une nouvelle catégorie de la population : les personnes âgées de 70-75 ans sans comorbité peuvent désormais recevoir les doses, soit un potentiel de 4 500 personnes sur Amiens. "Il y a encore un manque de vaccins et on nous en promet une grande quantité rapidement. On n'a pas encore la prétention de ralentir l'épidémie grâce à la vaccination" indique Jean-Luc Schmit.
Sur les mesures sanitaires, l'invité de France Bleu Picardie donne encore une chance : "vous savez depuis le début qu'il s'agit de mesurer les effets des mesures prises avant d'en prendre d'autres."
Il faut donc voir par exemple le durcissement du protocole dans les écoles : il suffit désormais d'un seul cas de Covid pour pouvoir fermer une école.
Depuis le début de l'épidémie, le professeur Jean-Luc Schmit souligne aussi _"qu'il n'y a pas encore de médicaments efficaces pour lutter contre la maladie. Il faut continuer les recherches !" _Avec par exemple la mise en place de la corticothérapie et de la dexaméthasone notamment chez les patients qui ont des besoins plus importants en oxygène.
Selon les derniers chiffres de Santé Publique France ce dimanche 28 mars, le nombre d'hospitalisations et patients en réanimation dans la Somme est proche du pic du premier confinement. 360 patients sont actuellement hospitalisés dans les Hauts-de-France. Il y avait 368 patients hospitalisés le 14 avril 2020.