Les ostéopathes prennent soin des soignants au CHU de Rouen
La belle initiative d'ostéopathes normands. Depuis le 23 octobre, ils offrent des soins gratuits aux soignants du CHU de Rouen, en première ligne face au COVID-19. Le carnet de rendez-vous est plein. Rencontre.
"Les douleurs peuvent remonter jusque là ?" Albane est infirmière en réanimation et, dans son service, les manipulations de patients sont importantes. Parmi ceux atteints du COVID-19, beaucoup sont en surpoids donc plus difficiles à soulever. Albane, qui est âgée de 34 ans, ressent diverses douleurs musculaires : "Des douleurs dorsales, cervicales. Thoraciques aussi parce qu'on utilise nos bras pour remonter les patients. On priorise beaucoup le patient et on ne fait pas forcément attention à nous, à notre physique."
L'infirmière reconnaît aussi que ces douleurs sont liées à la situation stressante et au caractère inconnu du virus, leCOVID-19. "On ne savait pas vers quoi on allait et à chaque fois qu'on ne connaît pas on a tendance à se crisper un petit peu et c'est cette crispation qui fait qu'on se fragilise dans nos manipulations", explique-t-elle.
Lorsque Aline Adam, ostéopathe à Bihorel, a fait cette proposition de soins gratuits au CHU de Rouen, la direction s'est montrée très enthousiaste. Une petite salle de consultation est mise à disposition au sein du pôle anesthésie . Depuis le 23 octobre, dix ostéopathes s'y succèdent chaque jour et le succès est au rendez-vous : "Les agendas se sont tout de suite remplis. Les soignants étaient très contents de faire ça sur leur lieu de travail et de ne pas avoir à faire les démarches pour aller dans un cabinet en ville", assure Aline Adam.
On est bien chouchouté - Albane, infirmière en réanimation au CHU de Rouen
Ces ostéopathes consacrent toute une journée de leur temps à offrir gratuitement des soins. L'initiative doit durer jusqu'à fin décembre. Pour Aline Adam, c'est une façon de remercier les soignants engagés depuis plusieurs mois sur le front du Covid : "C'est une pause dans leur journée. Ils prennent soin d'eux, on prend soin d'eux aussi et en tant qu'ostéopathes on est content de pouvoir leur offrir ça, à eux qui sont en première ligne."
Albane confirme que, d'elle-même, elle n'aurait pas pris rendez-vous chez l'ostéo. L'infirmière a donc d'autant plus apprécié ces 3/4 d'heure juste pour elle : "C'est du temps à nous et on ne le prend pas assez, surtout en ce moment. On va travailler, on rentre à la maison et on reprend notre petit train-train habituel : les enfants, la maison, les courses... Là, c'est sur notre lieu de travail, dans une ambiance qu'on connaît et on sait qu'on va être bien chouchouté", dit-elle dans un sourire.