Libourne : à l'Ehpad, un mobil-home équipé pour des visites sans masque
Depuis le 5 octobre, l'Ehpad Les Charmilles, à Libourne s'est équipé d'une pièce séparée dans son jardin, un mobil-home, qui permet aux résidents de recevoir leur famille dans le respect des gestes barrières. Une solution qui existe aussi dans des Ehpad d'Illats, de Grignols et Caudrot.
Il trône depuis le 5 octobre dans le parc de la résidence "Les Charmilles", à Libourne. De l’extérieur, il ressemble à un mobil-home qu’on est plus habitué à trouver du côté du camping Les Flots Bleus. Mais si celui-là fait (aussi) le bonheur des familles, c’est différemment : il permet de venir voir son père, sa mère ou son arrière-grand-mère en Ehpad, en respectant les gestes barrières.
Fabriqué par une société qui gère des Ehpad et des campings
Un mobil-home dans un Ehpad, c’est une drôle d’idée, et en même temps, c’est à la croisée des chemins de la société Alliage Care, basée à Mérignac, qui a eu l’idée. "Alliage Care gère quelques Ehpad et des campings", explique Patrick Lepault médecin gériatre du groupe, et qui a eu l’idée de ce que l’entreprise appelle le Club Famille. "Et c'est la réflexion de ça qui a fait qu'on a trouvé ce système de détourner un mobil-home pour le mettre à la disposition des Ehpad".
On y entre par deux entrées séparées pour ne pas se croiser, dont une avec un plan incliné pour les personnes à mobilité réduite. A l’intérieur une table, deux chaises d’un côté, une de l’autre, des plantes, une climatisation, un chauffage. Et au milieu, surtout, une grande vitre en plexiglas qui sépare le résident de sa famille. "On a un système de plexiglas qui fait que les gouttelettes ne peuvent absolument pas passer. Mais en même temps, on a une très bonne qualité sonore, même pour les gens qui ont une mauvaise acousie".
Pas de big bisous, mais à part ça… avec les gestes et la parole, on arrive à se débrouiller
Et effectivement, Nicole, 94 ans, n’a pas de mal à se faire entendre de sa fille. "Pas de big bisous, mais à part ça… avec les gestes et la parole, on arrive à se débrouiller", rigole la nonagénaire qui, sans trop en parler, dit qu’elle n’a "pas trop bien vécu" l’impossibilité de visite pendant le premier confinement. Et avec cette vitre en plexiglas, pas de masque non plus, ce qui permet à la fille de Nicole de voir "ses grimaces".
Pas de masque, c’est important, souligne Patrick Lepault, "parce que les personnes âgées ont du mal à comprendre, à s’exprimer avec le masque. Ils décrochent et se renferment". En tout cas, depuis plus d’un mois, les créneaux de 45 minutes de visite (avec 15 minutes de désinfection entre chaque) dans le mobil-home sont tous pleins dans l’après-midi. Un créneau a aussi été ajouté pour permettre aux familles de manger, avec des plateaux repas, avec un résident.
"Ça nous a permis de respecter nos objectifs, qui sont de protéger les familles, les résidents et les personnels, et en même temps d'éviter l'isolement des résidents en maintenant un lien social qui est très important pour eux, pour leur familles", explique la directrice de l’Ehpad, Katia Iacono. Et, après le confinement qui avait été marqué par des visites par Skype, après le déconfinement et ses visites à l’extérieur, qui sont de plus en plus compliquées à mesure que l’automne s’installe, cela offre aux 46 résidents libournais une solution pour voir leur famille. Une solution qui est partagée par les sept Ehpad du groupe Alliage Care, à Libourne, Illats, Grignols, Caudrot, mais aussi en région parisienne et à Toulouse.