Loi de programmation de la recherche : une intersyndicale appelle à manifester mardi
Alors que le Parlement a définitivement adopté le projet de loi de programmation de la recherche, plusieurs syndicats lancent un appel à la mobilisation ce mardi. Ils dénoncent une "attaque" des "libertés" et des "statuts du personnel".
Vendredi dernier, le Parlement adoptait définitivement la loi de programmation de la recherche (LPR) pour faire face au risque de "décrochage" de la recherche française. Mais le gouvernement est confronté à une fronde de la communauté universitaire et scientifique.
Plusieurs syndicats appellent à la mobilisation ce mardi place Jussieu à Paris et dénoncent une loi qui s"'attaque aux libertés et aux statuts du personnel". Ils fustigent également la décision de la préfecture de police de Paris d'interdire le défilé qui devait partir de la place Jussieu pour aller rue de Varenne.
Une grande partie de la recherche française fustige une "réforme en trompe l'oeil", des financements concentrés sur une recherche "sélective", par "projets", et une "attaque" du statut de fonctionnaire en raison des nouvelles voies de recrutement de jeunes chercheurs.
Le texte prévoit des "parcours de titularisation" à l'américaine, pour accéder à une titularisation au bout de six ans maximum, ainsi que des "CDI de mission scientifique", censés remplacer les CDD à répétition, mais prenant fin avec le projet de recherche associé.
Frédérique Vidal, ministre de la Recherche qui a porté ce projet de loi, s'est félicité du déblocage de "moyens inédits", grâce à une hausse de 30% du budget entre 2021 et 2030, passant de 15 à 20 milliards d'euros par an.
Dans le texte commun, les syndicats de chercheurs opposés à cette loi estiment que la ministre "n'est plus crédible auprès du personnel de l'ESR (enseignement supérieur et la recherche, ndlr)" ajoutant qu'elle avait "également perdu toute légitimité et toute confiance pour répondre aux besoins de la recherche".
Contestations depuis près d'un an
Début 2020, le texte avait provoqué un important mouvement de protestation, stoppé par le confinement de mars. En sourdine, à cause de la crise sanitaire, la contestation s'est aiguisée ces dernières semaines à la faveur d'amendements controversés votés au Sénat.
Le premier, sur le "délit d'entrave", vise à pénaliser les intrusions de personnes extérieures dans les universités, si elles troublent la "tranquillité ou le bon ordre" de l'établissement. La gauche critique une mesure "liberticide".
Cela ne "vise en aucun cas à museler des voix discordantes", mais "au contraire à protéger le débat contradictoire contre les tentatives de censure ou les dégradations inadmissibles commanditées de l'extérieur", a argumenté Frédérique Vidal.
Le second amendement minore le rôle du Conseil national des universités (CNU) dans le recrutement des enseignants-chercheurs : une expérimentation permettra aux universités de déroger à l'obligation de recruter une personne qualifiée par le CNU.
Mardi dernier, plusieurs centaines d'enseignants-chercheurs se sont rassemblés place de la Sorbonne à Paris, derrière des pancartes comme "université en danger" et "écran noir", en référence à une opération sur les réseaux sociaux.
Certaines mesures font toutefois consensus, comme la promesse de garantir, dès septembre 2022, un paiement mensuel aux "vacataires", ces précaires qui subissent de réguliers retards dans le paiement de leurs heures.