Peyo, le cheval-médecine qui apaise les malades d'Alzheimer
jeudi 8 mars 2018 à 13:42
Journée pas comme les autres hier à l'Ephad "Les portes du Vercors", à Sassenage (Isère). L'étalon Peyo est venu rendre visite, pour la troisième fois, aux 80 résidents de l'établissement, et notamment aux douze malades d’Alzheimer qui vivent dans une unité protégée.

Sassenage, France
Peyo est un superbe cheval alezan de quatorze ans, 500 kg de muscles, 1,60 mètres au garot. Autant dire qu'il est impressionnant. En liberté dans son parc, à Vinay en Isère, il est plein de fougue. Mais dans cette salle de l'unité protégée de la maison de retraite de Sassenage, il est d'un calme olympien.
Une préparation minutieuse
Le cavalier de renom Hassen Bouchakour, son propriétaire, l'a d'abord préparé avec soin. Il l'a lavé avec une lotion spéciale, a natté sa crinière, nettoyé ses sabots car l’hygiène doit être irréprochable avant de rentrer dans l'Ephad. "Il fait même ses besoins sur commande" explique Hassen.
Peyo reste quelques minutes, tranquille, dans une pièce, avant de faire son entrée au milieu des résidents, malades d'Alzheimer. Majestueux, tenu à la longe par Hassen Bouchakour, le pas de ses sabots résonnent dans le couloir. Tous les regards se tournent vers lui et Peyo regarde les résidents, disons-le, avec bienveillance et empathie.
Le dialogue s'engage entre Jean-Louis et Peyo : "Il est plus intelligent que moi ! Comment il fait, dans les escaliers ?" s'interroge le vieil homme. "Il prend l'ascenseur ! Je vous promets que c'est vrai" lui répond, en souriant, Hassen.
Avec Peyo, la mémoire des résidents leur revient
Il y a aussi Marcelle, 87 ans. Avant de rencontrer Peyo, elle restait dans son lit, prostrée, en position fœtale. "Grâce à lui, elle s'est remise à parler, elle mange avec les autres. Elle chante en patois niçois, car elle est originaire de Nice". Et Marcelle se met à pousser la chansonnette, applaudie par tous les résidents.
Pour Hassen, ce qui se passe entre Peyo et Marcelle est incroyable, inexplicable : "Peyo veille sur elle, il l'a choisie. Tous les deux sont connectés, dans leur bulle !"
Maryline, aide-soignante, est impressionnée par les progrès des résidents : "Cela leur fait un bien fou. Ils sont apaisés, calmes... C'est génial!" Samira, animatrice à l'Ephad Les portes du Vercors, est, elle aussi, étonnée : "Il n'existe pas de traitement pour Alzheimer. Et bien, Peyo est le meilleur traitement que je connaisse. Çà fait tellement plaisir de voir ces personnes retrouver des souvenirs, se mettre à parler de leur enfance, des animaux dont ils se sont occupés, car certains vivaient dans des fermes, de la guerre."
La présence de Peyo calme les malades d'Alzheimer
Hassen Bouchakour est, à 30 ans, un cavalier de renom, qui multiplie les spectacles équestres, les compétitions partout dans le monde. Mais il a créé l'association "Les sabots du cœur" pour aller au contact des personnes âgées et des malades, avec Peyo, son cheval d'exception : "Cela fait 7 ans que je partage tout avec mon cheval." explique-t-il.
"Regardez comment il se penche vers cette personne ! Quand il est à la maison, il joue les cadors, c'est lui, l'étalon ! Mais ici, il est plein de gentillesse, de compassion. Il ne bouge pas une oreille. Il est zen et ça rejaillit sur les résidents. Mon association, c'est pour ne pas oublier d'où je viens. Les anciens, c'est important, ils nous apprennent tellement !"
On connaissait l'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux... Voici, donc, le cheval qui murmure à l'oreille des malades d'Alzheimer.
L'expérience que mène Hassen dans plusieurs établissements, à Dijon, Antibes, Calais, est d'ailleurs suivie de près par une équipe scientifique de médecins et de vétérinaires pour comprendre ce qui se passe entre la personne âgées et le cheval.
Un centre pour les personnes en fin de vie, en projet
Hassen Bouchakour aimerait ouvrir une ferme, où des malades en fin de vie vivraient, avec leurs "aidants", au milieu de chevaux et d'autres animaux. Un projet qui serait financé par du mécénat et des dons.
Pour l'heure, pour Peyo et Hassen, il est temps de rentrer à l’écurie, à Vinay. Mais, promis ! Ils reviendront dans un mois, pour la plus grande joie des résidents de l'Ephad Les portes du Vercors.