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Plan blanc à l'hôpital public du Cotentin : "Pas attendre d'être en saturation pour réagir"

Le plan blanc a été déclenché à l'hôpital public du Cotentin ce lundi pour faire face à la progression du covid sur ce territoire de 180.000 habitants. Cela veut dire que l'ensemble du personnel est mobilisable dans les 24 heures. C'est le premier établissement manchois à le faire.

L'hôpital Pasteur de Cherbourg depuis la montagne du Roule L'hôpital Pasteur de Cherbourg depuis la montagne du Roule
L'hôpital Pasteur de Cherbourg depuis la montagne du Roule © Radio France - Pierre Coquelin

Trois jours après le CHU de Caen, le plan blanc a été déclenché au centre hospitalier public du Cotentin. Une mesure pour répondre à la dégradation sanitaire sur le territoire. "Il ne faut pas attendre d'être en saturation pour réagir", explique la directrice de l'établissement Séverine Karrer. 

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Séverine Karrer, le plan blanc a été déclenché ce lundi soir au centre hospitalier public du Cotentin (CHPC). Pour quelles raisons ? 

Nous notons une augmentation très rapide de l'épidémie sur le territoire : lundi soir, l'agglomération du Cotentin a atteint un taux d'incidence de 148 (personnes contaminées pour 100.000 habitants), là où il était à 100 vendredi. On note également une hausse des hospitalisations en médecine surtout et en réanimation, et un volume de consultations pour suspicion de covid qui ne cesse d'augmenter. Pour ces raisons, nous avons déclenché le plan blanc, de manière à pouvoir réorganiser l'offre de soins et rappeler les professionnels si besoin est. Tout le personnel du CHPC est mobilisable dans les 24 heures, sur les sites de Cherbourg, Valognes et les deux Ehpads. Pour l'instant, nous n'avons pas fait le choix de repousser ou suspendre les congés, car la période est importante pour les soignants pour se reposer, mais ils sont désormais mobilisables sous 24 heures. Et pour une durée indéterminée. 

On était allés jusqu'à 24 lits sur la première séquence, mais c'était sur un temps très court. Là, on part sur six à dix mois

Où en est la situation sanitaire ?

Lundi soir, après un week-end intense, on était à dix hospitalisations en médecine interne et quatre en réanimation. A la différence de la première vague, où il y avait le confinement, il faut les conjuguer à l'activité quotidienne qui n'est pas déprogrammée. On a souvent une réanimation remplie à 80%, pas seulement du covid. En médecine, on a 18 lits dédiés au covid, et nous travaillons à en ouvrir d'autres. Sur les 18, nous sommes montés jusqu'à 15 patients ce week-end. Les durées de séjour en médecine se sont écourtées : une semaine-10 jours là où on avait 15 jours-trois semaines. Il y a un plus gros volume de patients, mais il y a plus de rotation. 

Êtes-vous assez armés face à la situation ? 

Ces efforts doivent passer par un travail de déprogrammation. Il ne sera pas massif comme la première vague, mais ciblé et progressif. Lors de la première séquence, on avait mobilisé des professionnels qui s'étaient familiarisés avec l'univers de la réanimation. Là, nous avons programmé une formation professionnelle pour armer des lits. On était allés jusqu'à 24 lits sur la première séquence, mais c'était sur un temps très court. Là, on part sur six à dix mois. On va avoir plus de difficultés à ouvrir autant de lits cette fois. Donc on est revenu à un objectif de 16 lits pour la réanimation au total (pas que covid). ça ne pourra se faire que progressivement avec les déprogrammations des blocs et autres soins critiques qui nous permettront de dégager les professionnels formés. 

La dynamique n'est pas bonne, mais on peut encore infléchir cette évolution. Cette inflexion appartient à tous

Y a-t-il du personnel touché par le covid ? 

A l'image de la population, le personnel est touché. Cela accroît le niveau d’absentéisme, qui est désormais à deux chiffres. C'est aussi un changement avec la première vague, les professionnels comme le reste de leur famille sont dans une vie sociale et donc sont sujets à ces contaminations. ça a aussi été un des éléments déclencheurs du plan blanc. 

Les leçons de la première vague ont-elles été retenues ? 

On a eu la chance de ne pas être aussi touchés que d'autres territoires, d'avoir une certaine progressivité dans le dispositif sans pénaliser l'activité de routine. Là, on doit trouver un juste équilibre. L'idée est de ne pas provoquer des problèmes de santé publique, liée à ces déprogrammations. On va avancer tout en ménageant les équilibres.

Quatre personnes en réanimation pour une agglomération de 180.000 habitants. Ne déclenche-t-on pas la grosse artillerie trop tôt ? 

Ce qui doit nous alerter, ce n'est pas seulement la réanimation, mais aussi la médecine. L'épidémie s'est accélérée depuis début octobre : on est passé d'un taux d'incident de 10 à 148 ce lundi soir. On a un bassin de 180.000 habitants et un service de soins critiques de 12 lits. Il ne faut pas attendre d'être en saturation pour réagir. La dynamique n'est pas bonne, mais on peut encore infléchir cette évolution. Cette inflexion appartient à tous. Si on pouvait avoir un recul ou un aplatissement des courbes, cela nous permettrait de dire qu'on a su réagir en temps et en heure. Mais pour le moment, ce n'est pas cette évolution. 

Envisagez-vous un travail avec le privé et la polyclinique ?

Tout à fait. ça a déjà été le cas lors de la première vague. La polyclinique nous avait grandement aidé pour prendre en charge des patients qu'on avait été obligé de déprogrammer à Pasteur. Il est probable que nous soyons de nouveau dans un dispositif comparable.

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