Rendre la vaccination obligatoire "peut être un frein à l’adhésion vaccinale" selon le directeur de l'ARS
Alors que l'académie nationale de médecine a préconisé, mardi, de rendre obligatoire la vaccination pour certaines professions, le directeur général de l'ARS Nouvelle-Aquitaine est sceptique. Selon Benoît Elleboode, cela pourrait être "un frein à l’adhésion vaccinale".
Benoît Elleboode n'est pas convaincu par la proposition de l'académie de médecine, qui a lancé un pavé dans la mare, mardi soir, en proposant d'imposer la vaccination à certaines professions prioritaires. Invité de France Bleu Gironde, le directeur général de l'Agence régionale de santé (ARS) de la Nouvelle-Aquitaine imagine que "la Haute autorité de santé devra se prononcer".
Il conseille d'attendre, estimant que "de manière pragmatique, pour l'instant, plein de gens veulent se faire vacciner, et on n'a pas assez de vaccins, les rendez-vous ne sont pas faciles à obtenir. Le jour où tout ceux qui voulaient se faire vacciner se sont faits vaccinés, et qu’on voit un frein dans la campagne de vaccination lié à l’adhésion, peut-être qu’on pourra se poser la question".
Les Français, il suffit de leur dire que quelque chose est obligatoire pour qu’ils imaginent quelque chose de louche derrière
Au delà d'une simple questions de doses, selon lui, "rendre un vaccin obligatoire peut être un frein à l’adhésion vaccinale. Vous savez comment sont les Français. Il suffit de leur dire que quelque chose est obligatoire pour qu’ils imaginent quelque chose de louche derrière".
À Bacalan, la stratégie de la "zone tampon"
Le directeur général de l'ARS Nouvelle-Aquitaine a également évoquél'ouverture d'un centre de vaccination éphémère dans le quartier Bacalan, à Bordeaux, ce mercredi après-midi. Cette stratégie, c'est parce que l'ARS "ne souhaite pas que ce variant ne soit diffusé au-delà du quartier. C'est pour cela qu'on fait une zone tampon, en vaccinant le maximum de personnes du quartier et des alentours". 60 personnes ont été testés positives à une mutation du variant anglais, un variant "plus inquiétant, parce que plus transmissible. Mais aujourd'hui aucune personne vaccinée n'a été atteinte, il touche plus les jeunes [moins vaccinés]. Ça montre l'efficacité de la vaccination chez les plus âgés".
Une semaine après la levée de certaines restrictions, notamment la réouverture des terrasses, qui a occasionné quelques regroupements post-couvre feu, le directeur général de l'ARS, reconnaît qu'il est "tout à fait normal qu’après un an de Covid, les gens aient envie d’un peu plus de liberté". "Je suis médecin, d’un point de vue médical, je dirais qu’il faut que l’on reste confinés le plus possible. Mais nous ne sommes pas dans une dictature médicale", rappelle-il.
Si le taux d'incidence repart légèrement à la hausse depuis quelques jours, Benoît Elleboode juge que "comme on a une stratégie vaccinale efficace, on peut relâcher un peu les mesures. Maintenant, il faut être vigilant. Si cet équilibre est rompu à un moment, que les hôpitaux se remplissent, que le taux d’incidence part trop fort, il faudra revenir en arrière. Mais pour l’instant ça tient."