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Seine-Saint-Denis : des distributeurs de seringues retirés, les associations s'inquiètent

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Deux distributeurs de seringues pour toxicomanes ont été retirés, fin août à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, par l'Agence régionale de Santé (ARS) pour faire face à la recrudescence de seringues usagées dans l'espace public. Des associations dénoncent un "danger" pour les usagers de drogues.

Devant les locaux du centre d'accueil pour consommateurs de drogue, les distributeurs de seringues ont été retirés
Devant les locaux du centre d'accueil pour consommateurs de drogue, les distributeurs de seringues ont été retirés © Radio France - Rémi Brancato

Deux distributeurs de seringues pour toxicomanes ont été retirés, aux abords de l'hôpital Robert Ballanger d'Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, par l'Agence Régionale de Santé (ARS) Ils étaient installés depuis plusieurs années dans ce quartier, en lisière de la commune de Sevran, près de la gare RER des Beaudottes, à l'extérieur du bâtiment occupé par le CARRUD, le centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues. Trop de seringues étaient retrouvés par terre par les habitants et le maire de Sevran avait alerté sur ces risques le préfet et l'ARS. La décision a été prise après un an de discussion.

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Des associations inquiètes

Le 31 août, les deux distributeurs ont donc disparu, mais des associations (dont Act up Paris, Aides ou encore Medecins du Monde) s'alarment, dans un communiqué d'un "danger" sanitaire pour les usagers et craignent une augmentation des conduites à risque avec notamment l'usage de seringues déjà utilisées. 

C'est "une décision dangereuse en terme de santé publique" dénonce Nathalie Latour, déléguée générale de la fédération addiction, également signataire du communiqué. "Dans les départements où il y a une très bonne couverture d’automates, on se rend compte que plus il y en a, plus ça responsabilise les usagers et moins il y a de seringues qui traînent" ajoute-t-elle. Selon elle, la Seine-Saint-Denis est "un des départements les moins couverts alors qu'il y a des besoins extrêmement importants, avec notamment des taux d'épidémie de VIH et d’hépatite C assez élevés".

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Des comportements à risque en augmentation depuis le retrait des distributeurs

Sur place, les toxicomanes rencontrés témoignent de difficultés à trouver des seringues neuves, depuis le retrait des distributeurs. "Y en a qui vont chercher dans les poubelles ou dans la boite ou on met les seringues abîmées" témoigne cet habitué du CAARUD, ouvert de 10h à 18h du lundi au vendredi, où les usagers peuvent trouver des seringues neuves et un accompagnement.

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"Le week-end, pour un shoot, il n'y a plus de seringues neuves"

Mais depuis fin août, ils "sont un peu perdus", témoigne Marie*. Enquêtrice, elle réalise des entretiens avec les usagers de drogues pour l'Inserm. Selon elle, les comportements dangereux ont augmenté depuis que les boites ont été retirés. "Quand le CARRUD est fermé, quand ils trouvent des seringues par terre, ils les réutilisent" raconte-t-elle. 

Seule une boîte pour les seringues usagées est encore en place
Seule une boîte pour les seringues usagées est encore en place © Radio France - Rémi Brancato

"Je prends de l’héroïne et de la cocaïne" raconte cet autre usager des lieux : "j'ai l'hépatite C, j'ai utilisé une mauvaise seringue, parfois j'en ramasse sur le sol". Et d'ajouter : "le week-end, pour un shoot, il n'y a plus de seringues neuves". 

24 000 seringues ramassées en 2017 à Sevran

Mais "le nombre important de seringues jetés sur la voie publique" a poussé l'ARS a réagir, sur la demande du maire de Sevran, explique Jean-Philippe Horreard, le délégué de l'ARS en Seine-Saint-Denis, pointant le "risque d'être en présence de ces seringues, notamment à proximité des écoles". La mairie de Sevran indique avoir ramassé près de 24 000 seringues dans l'espace public l'an passé.

L'ARS indique par ailleurs que le retrait des distributeurs est une expérimentation. D'ici quelques jours, les horaires du centre d'accueil seront élargis le soir et le week-end pour renforcer l'accompagnement des usagers de drogues. Une réflexion est également en cours sur l'ouverture d'une éventuelle salle de consommation, comme celle ouverte à Paris, en 2016 .

*prénom modifié

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