Vaccination dans la Manche : pourquoi certains médecins jettent l'éponge
La vaccination accélère dans la Manche. Les doses livrées dans les centres de vaccination vont être multipliées par deux en avril. Mais l'approvisionnement des pharmacies et des généralistes reste délicat. Certains médecins ont renoncé. Explications.
Le préfet de la Manche l'indiquait lundi 29 mars : le nombre de doses disponibles dans les centres de vaccination va être multiplié par 2 au mois d'avril. 65 000 injections seront disponibles et ce nombre va continuer d'augmenter jusqu'au mois de juin. Mais dans le même temps, la progression de la vaccination dans les pharmacies et chez les médecins libéraux reste encore fragile, dépendante des apports de vaccins AstraZeneca. Et confrontés à ces incertitudes, quelques médecins ont décidé d'arrêter la vaccination dans leurs cabinets. Ils sont peu nombreux, mais leur choix trahit aussi un certain malaise.
Ras-le-bol de déprogrammer des vaccinations faute de vaccins
A l'heure où l'on insiste sur le nécessaire engagement de chacun pour accélérer la vaccination, pas évident de témoigner lorsqu'on décide d'arrêter d'administrer le vaccin. C'est la décision prise par un médecin de Cherbourg-en Cotentin. "La goutte d'eau, ça a été la nécessité de déprogrammer une 20e de patients que je devais vacciner en une après-midi la semaine dernière. Le pharmacien qui devait me fournir les doses n'avait finalement pas les vaccins!" L'organisation d'une séance de vaccination pour un médecin libéral, c'est un gros travail, surtout dans un petit cabinet. Alors lorsque l'intendance ne suit pas, ça peut vite décourager.
Revoir l'approvisionnement des médecins
A l'Ordre des médecins de la Manche, Anne Besnier, la secrétaire générale, estime que les médecins qui renoncent à vacciner sont l'exception. Mais elle en a conscience, "la décision du gouvernement il y a quelques semaines de privilégier l'approvisionnement en vaccins des pharmacies plutôt que des médecins est mal passée dans la profession. Ca a été _vécu comme une punition_. Dans certaines régions, il est vrai que certains médecins se retrouvaient avec des doses sur les bras mais dans la Manche, il n'y a pas eu de gaspillage." Pour cette responsable de l'Ordre des médecins, il est important que l'approvisionnement des généralistes soit mieux organisé pour ne pas décourager les médecins.