VIDÉO - Rennes : ce boulanger était l'un des premiers cas de coronavirus en France en janvier 2020
Alain Lemonnier a contracté la Covid-19 en janvier 2020, alors que la maladie était inconnue en France. Un an après, ce boulanger à Rennes (Ille-et-Vilaine), revient sur ses doutes, l'intensité de la maladie et le déclic personnel qu'elle a engendré.
Il y a un an, presque jour pour jour, les premiers cas de coronavirus étaient identifiés en Bretagne. Alain Lemonnier, lui, sortait d'un long mois de souffrance, sans savoir qu'il était l'un des premiers cas de coronavirus en France.
Une "pneumopathie infectieuse"
À la fin du mois de janvier 2020, ce boulanger à Rennes (Ille-et-Vilaine) ressent de grandes difficultés de respiration. Son médecin pense alors détecter une bronchite. Deux semaines plus tard, le boulanger est toujours essoufflé.
"Je n'arrivais pas à dormir, essoufflé, pas bien", raconte-t-il un an après cet épisode. Il pense alors se rendre aux urgences mais celui qui est à la tête d'une boulangerie renonce aussitôt dans la soirée. "Si j'y allais je n'aurais pas pu travailler le lendemain et c'était au mois de janvier, pendant les galettes des rois..."
J'ai côtoyé du monde à gogo !
Le lendemain, après sa matinée de travail, il se rend à l'évidence et prend la route des urgences à Rennes. L'homme de 51 ans se retrouve sous oxygène. Après un scanner, "le premier de ma vie", le verdict tombe : c'est une une "pneumopathie infectieuse". Car, à ce moment-là, on ne parle pas encore de coronavirus. Personne ne porte d'ailleurs de masque au quotidien.
Le quotidien continue pour Alain qui, malgré son état de fatigue, reste au contact des clients dans sa boulangerie. "On ne m'avait rien dit. Il y avait un salon professionnel à Rennes, je n'étais pas bien mais j'avais promis des choses à des gens qui travaillent là-bas. J'ai côtoyé du monde à gogo !", glisse-t-il, comme s'il réalisait sa chance, qu'à sa connaissance, aucun membre son entourage familial ou collègue n'ait été contaminé. De plus, il n'a heureusement aucune séquelle aujourd'hui.
Impossible de se lever le matin
Pendant tout le mois de février 2020, l'état du boulanger ne s'améliore pas. "L'escalier, c'était la plus dure des épreuves : arrivé en haut, c'était une pause obligatoire", explique-t-il en montrant l'escalier qui mène à son salon, d'une dizaine de marches seulement.
"C'est traumatisant car on n'avait pas l'habitude de le voir comme ça : des matins où il ne pouvait pas se lever ni mettre un pied par terre !", se souvient sa femme.
Quatre mois de doutes
Le couple, qui a deux enfants de 12 et 15 ans, a ensuite vendu sa boulangerie. Si d'autres raisons personnelles ont été déterminantes, la maladie d'Alain a agi comme un déclic. "Ça nous a fait ouvrir les yeux sur la vie : c'est bien de travailler et gagner de l'argent mais il faut aussi penser à sa santé de temps en temps, ce que je ne faisais pas avant", analyse celui qui a débuté sa carrière adolescent et qui a gagné le premier prix de la meilleure galette d'Ille-et-Vilaine cette année.
Le boulanger a tout de même dû patienter quatre mois avant l'officialisation de sa maladie, par les médecins. Des médecins, qu'il n'avait jamais rencontrés auparavant, ont détecté, au mois d'avril, le coronavirus grâce aux imageries réalisées en janvier. Il a ensuite récupéré sa pleine forme physique en juin.
Cette longue attente a fait naître de nombreux doutes, surtout lorsque le coronavirus s'est déclaré. Il essaye alors de trouver une réponse à ses questions sur internet, en vain. "J'ai pensé à un cancer, à de la farine dans les poumons... Je ne savais pas ce qui pouvait m'arriver !", lance-t-il.