Petite enfance : 150 professionnels mobilisés à Bayonne contre la future réforme
Après une première mobilisation en février dernier, les professionnels de la petite enfance étaient à nouveau dans la rue à Bayonne ce mardi pour faire part de leur inquiétude vis-à vis-d'une reforme de leur secteur d'activité.
Les professionnels de la petite enfance s'étaient à nouveau donné rendez-vous dans la rue ce mardi 30 mars. Ils et elles ont marché entre le conseil départemental et la Caisse d'Allocations Familiales (CAF)de Bayonne pour dénoncer la réforme en cours de leur secteur. Une réforme dans le cadre de la loi d'accélération et de simplification de l'action publique, raccourcie à "ASAP", qui ambitionne de simplifier, comme son nom l'indique, et faciliter la compréhension autour des différents modes d'accueil des enfants. Sauf que dans le texte, plusieurs points dérangent les 150 professionnels du secteur mobilisés ce mardi matin à Bayonne à l'appel de la CFDT et de la CGT.
Un professionnel pour six bébés
Parmi les principaux points soulevés par les manifestants et manifestantes, le passage d'une garde d'un professionnel pour cinq bébés, à un professionnel pour six bébés. Actuellement, l'encadrement est de un adulte pour cinq pour les enfants qui ne marchent pas, et d'un pour huit pour ceux qui marchent. Le gouvernement voudrait donc réaliser un taux d'encadrement unique de un pour six.
Sauf que un pour six, c'est beaucoup pour ceux qui ne marchent pas avouent les professionnels de la petite enfance, comme Myrtille de la micro-crèche des Petits Elfes à Biarritz. "Avec cette réforme, on pourra passer jusqu'à 12 enfants par jour en restant seulement deux auprès des enfants le matin et l'après midi. Et on se rend bien compte que ça sera plus compliqué encore. Ce n'est pas possible pour nous." Un enfant de plus à gérer par professionnel, pour Myrtille, va impacter directement le bien-être des enfants. "Quand c'est un bébé de 3 mois qui a faim là sur l'instant et qu'ils sont deux ou trois bébés de trois mois (dans le même cas), quand on est que deux, on n'a que deux bras et on ne peut pas donner un biberon à la même heure en même temps. Et ça veut dire que c'est un enfant qu'on va être obligé de laisser attendre, peut être le laisser pleurer. Pour nous et ça va contre nos valeurs professionnelles auprès des enfants."
"Les enfants c'est pas du bétail, ce sont des humains", critique Sophie qui travaille à la crèche Quintaou à Anglet.
D'autant que déjà les situations ne sont pas faciles. En témoigne Marie qui travaille aussi à la crèche de Quintaou. Elle déplore que des situations de surnombre sensées être exceptionnelles, soient devenues la norme. "On a droit à un dépassement de 15% occasionnellement dans la semaine, c'est à dire pas tous les jours de la semaine. Et malheureusement, c'est devenu du quotidien. C'est tous les jours que nous dépassons le quota."
Mais derrière cette mobilisation, d'autres points d'accroche. Pour le syndicat CFDT, d'autres points ne passent pas auprès des professionnels de la petite enfance. Il y a certes le nombre d'enfants par professionnel, mais aussi ce qui est prévu dans le texte, à savoir "une demi heure par mois de temps de travail d'analyse, constate par exemple Laurent Roux, secrétaire général adjoint de l'interco CFDT, des Pyrénées Atlantiques. "Ce n'est pas suffisant puisque ces temps sont des temps travaillés et une demi heure, le temps que vous commenciez la réunion, elle est déjà fini avant que vous commenciez, puis des espaces d'accueil réduits, toujours moins de mètres carrés par enfant. Ce qui est anormal quoi. Le calcul du ratio des professionnels qualifiés entre 40 et 60 en moyenne annuelle. Et voilà toutes ces questions, nous, on demande que le ratio de diplômés soient respectés."
La mobilisation s'est terminée devant les locaux de la CAF de Bayonne dans le calme. Selon les syndicats, la réforme est prévue pour ce printemps 2021.