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3.500 couvercles à verres "anti drogues" distribués par l'université d'Amiens
L'université de Picardie Jules Verne a distribué ce lundi 6.000 "condom cups" à ses étudiants, des couvercles pour protéger son verre en soirée. 3.500 ont trouvé preneur. Leur but : éviter d'être drogué à son insu, à l'heure où les témoignages de victimes se multiplient.

Un simple couvercle étirable, en silicone, pour recouvrir son verre et éviter que quiconque y glisse des stupéfiants : environ 6.000 "condom cups" ont été distribués aux étudiants de l'université d'Amiens ce lundi. L'établissement a fini par trouver une entreprise des Hauts de France qui en fabrique, et compte en commander 30.000 au total dans les prochains mois pour que chaque étudiant en ait. 3.500 étudiants ont profité de cette première distribution pour s'équiper.
Eviter la drogue glissée dans le verre
Ces couvercles en silicone sont lavables et réutilisables une centaine de fois. "Ça s'étire et se met sur tout type de verre. Il y a un petit trou pour boire, qui se déforme si quelqu'un tente d'y insérer une gélule par exemple, explique Delphine Guérin, directrice du service de santé universitaire. On va donc voir que le verre n'est plus pareil." Doriane aurait aimé en avoir un sur elle plus tôt : lors d'une soirée il y a deux ans, l'étudiante a fait un "black-out". "J'ai eu un gros trou dans la soirée, je me suis réveillée dans un endroit que je ne connaissais pas, raconte-t-elle. Je n'avais pas beaucoup bu, donc ce n'était pas l'alcool. Avoir ce dispositif sur le verre, ça me sécurise__."
"Rien que le fait de pouvoir poser son verre et aller danser, ça peut être pratique et c'est assez rassurant", lance Juliette. Ilona s'est aussi empressée de récupérer un "condoms cup" : "c'est bien car ils nous les donnent gratuitement. Certains bars les vendent 2 ou 3 euros__, mais c'est insensé ! On n'est pas censées payer pour des choses comme ça dans le sens où on n'est pas censé droguer les verres des gens !" Dans le commerce, ce petit capuchon est en effet vendu 10 euros par pack de trois. Hugo profite donc de cette première distribution gratuite pour commencer un petit stock : "je vais essayer d'en récupérer histoire d'en avoir toujours sur moi, quand je sors avec des amies, pour qu'elles soient plus sereines."
Des cas plus nombreux
Les témoignages de victimes présumées se multiplient en effet ces dernières semaines sur les réseaux sociaux, et cela se vérifie au sein de l'université. "On a eu une augmentation assez nette des cas de GHB mais pas que, de soumission chimique en général, avec la levée des différents confinements", indique Delphine Guérin. Entre septembre et décembre 2019, 11 cas avérés d'étudiants victimes de GHB avaient été recensés, après des analyses effectuées à l'hôpital. Depuis septembre 2021, c'est déjà le double.
"Il y a aussi, en consultation chez nous, les étudiantes qui n'osent pas aller aux urgences, précise la directrice du service de santé universitaire. C'est souvent quand elles nous signalent une agression sexuelle, on se rend compte qu'il y a parfois eu soumission chimique__. Les garçons peuvent être victimes, mais ils vont plus spontanément aux urgences." Tout l'enjeu est en effet de détecter rapidement les substances illicites : le GHB par exemple, drogue dite "du violeur" car elle provoque des pertes de mémoire, disparait dans le sang 12 à 24 heures après avoir été ingéré. Le commissariat d'Amiens indique n'avoir eu que deux plaintes depuis septembre, classées sans suite : l'une car les analyses de sang n'ont pas révélé la présence de GHB, l'autre car ces analyses n'ont pu être effectuées à temps.
Natalie, étudiante de 19 ans, a subi ces symptômes. Fin octobre, dans un bar de Saint-Leu, elle sympathise avec un groupe qui lui offre un verre : "je sentais que mon corps me lâchait. Un des garçons a essayé de m'embrasser et je n'avais pas de force pour m'embrasser. J'ai fait un black-out. Une de mes amies m'a raconté ensuite qu'elle l'a vu me trainer littéralement vers les toilettes, elle a réussi à me faire sortir de là", raconte la jeune femme. Pendant plusieurs heures, elle arrive à peine à tenir debout, prise de vomissements et de malaises : elle n'a que "des flash-backs". Le reste, ce sont ses amis qui lui ont raconté : elle a passé la nuit chez l'un d'eux, avant d'aller en cours puis à l'hôpital. "On m'a fait une prise de sang et d'urine, et on a vu qu'il y avait des substances dans mon sang, lâche Natalie. Je ne sais pas ce qui aurait pu m'arriver si mes amis n'avaient pas été là__."
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