Beaune : le concours des dégustatrices de vin résiste à la crise Covid
Pari réussi pour le concours Féminalise. Il arrive à son terme malgré la crise Covid et les restrictions du nouveau confinement. En une semaine, il aura réuni 720 dégustatrices venues de la France entière.
On se croirait dans une salle d'examen au lycée ou à l'université. Silence et concentration, alors que les candidates sont penchées sur leur copies, sagement assises à leur table espacée de plus de deux mètres de leurs voisines. Bienvenue aux "Feminalise", un concours où les vins sont jugés uniquement par des femmes. Cet évènement était initialement prévu au parc Floral de Paris, mais le reconfinement en mars dernier de l'Ile de France a incité les organisateurs à tout mettre sur pied dans deux hôtels de la périphérie de Beaune (Côte-d'Or).
La 15° édition des Féminalise a débuté mardi 30 mars, avant que le président de la République n'annonce un nouveau confinement et des restrictions de circulation. Cette grande dégustation de vins s'achève ce jeudi 8 avril. En une semaine, il aura vu passer 720 dégustatrices venues de toute la France. Certaines sont arrivées avant l'annonce du reconfinement, d'autres ne sont venues que pour une journée.
Les dégustatrices sont réparties par petits groupes de neuf personnes dans différentes salles de l'hôtel. Chacune assise à leur table et servies par des personnes masquées et gantées. Elles doivent remettre leur masque sur le nez dès la fin de la dégustation ou pour quitter la salle. Pas de déjeuner en commun : pour la pause de midi, elles ont droit à un plateau repas à consommer à leur table.
"C'est sûr, ce n'est pas une ambiance habituelle" confie Margot Ducancel, bloggeuse pour le site "Rouge aux lèvres" et "influenceuse" sur les réseaux sociaux. "Les concours de dégustation se déroulent toujours dans une ambiance recueillie, mais là il nous manque l'occasion de déjeuner entre nous, de papoter, d'échanger de manière normale."
5230 vins et champagnes testés en une semaine
"La Covid n'a fait reculer personne" se réjouit Didier Martin , organisateur des Feminalise. "L'année dernière nous avions réuni 530 dégustatrices, cette année nous en avons 720. Bien sûr, les personnes qui viennent habituellement de l'étranger ne sont pas là, mais nous avons des professionnelles de la France entière. On se devait de réussir pour tous les producteurs qui ont inscrit leurs vins à ce concours. En une semaine, on aura pu faire déguster 5230 échantillons, tous à température parfaite."
Pros et futures pros du monde du vin
Pourquoi mettre sur pied un concours où les vins ne sont dégustés que par des femmes ? "Parce qu'en grande surface, les vins sont choisis 7 fois sur 10 par des femmes. C'est donc intéressant pour un producteur d'avoir une distinction qui corresponde à sa clientèle. On ne prend pas n'importe qui pour juger et classer les vins, toutes les dégustatrices qui sont ici ont un parcours ou une profession en lien avec le monde viticole."
À 24 ans, Mathilde Messer incarne la relève. La jeune femme originaire de Marsannay-la-Côte est tout juste diplômée de la Burgundy School of Wine and Spirits Business, basée à Dijon "C'est la première fois que je participe à un tel concours. Le fait qu'il se tienne en Côte-d'Or plutôt qu'à Paris, c'est génial pour moi. Il faut gouter 47 échantillons dans la journée. Sur quatre jours, j'aurai dégusté environ 200 vins. Croyez-moi c'est du sport ! Etre en femmes nous donne confiance dans nos jugements puisqu'il est vrai que parfois nous manquons de considération dans le milieu même si les choses évoluent dans le bon sens."
Chaque vin est noté via une fiche de dégustation comportant 39 points de contrôle. Les meilleurs obtiennent des médailles d'or ou d'argent. Le palmarès sera publié sur le site internet des Feminalise le 12 avril et communiqué à un listing d'acheteurs dans le monde entier.