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À Nîmes, l'association La Cordée prend en charge les auteurs de violences conjugales pour éviter la récidive

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Ouverte depuis bientôt un an à Nîmes, La Cordée a soigné et accompagné plus de 50 auteurs de violences conjugales et intrafamiliales. Objectif : éviter la récidive pour protéger les victimes. Il n'existe en France pour l'instant que deux structures expérimentales de ce type.

Nicolas Spiegel, directeur (à gauche) et Camille Maridet-Juan, chef de service de la Cordée, autour de la table qui accueille chaque semaine les groupes de paroles des auteurs de violences conjugales. Nicolas Spiegel, directeur (à gauche) et Camille Maridet-Juan, chef de service de la Cordée, autour de la table qui accueille chaque semaine les groupes de paroles des auteurs de violences conjugales.
Nicolas Spiegel, directeur (à gauche) et Camille Maridet-Juan, chef de service de la Cordée, autour de la table qui accueille chaque semaine les groupes de paroles des auteurs de violences conjugales. © Radio France - Juliette Pierron

En France, il n'existe pour l'instant que deux structures accueillant des auteurs de violences conjugales et intrafamiliales. La plus importante est à Nîmes, avec 30 places. La Cordée a ouvert ses portes en décembre 2020, rue Notre-Dame. Depuis, une cinquantaine d'hommes et une femme y ont suivi un parcours de soins. L'objectif de ce processus expérimental : réduire au maximum le risque de récidive. 

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L'entrée de la Cordée se veut discrète : à peine une petite plaque sur la porte. © Radio France - Juliette Pierron

L'entrée se veut discrète. À peine une petite plaque "La Cordée" sur la porte. "C'est volontaire, explique Gabrielle Ragot, éducatrice spécialisée. On veut qu'ils puissent venir ici en toute discrétion, sans sentir un jugement au moment où ils passent la porte."

Un mur de photos dans l'entrée. Chaque accueilli laisse une photo, une trace de son parcours, avant de repartir. © Radio France - Juliette Pierron

Un suivi psychologique et des visites au domicile

Actuellement, La Cordée suit 22 auteurs de violences. Il s'agit d'hommes en attente d'un jugement ou qui ont été condamnés à des peines dites aménageables, c'est-à-dire des peines inférieures à deux ans d'emprisonnement et qui se font en liberté conditionnelle. 

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"La première chose, c'est qu'ils ne vivent plus à leur domicile, explique le chef de service de la structure Camille Maridet-Juan. Ils sont placés dans des appartements appartenant à des associations. Ça évite une double-peine pour la victime qui donc n'a pas à quitter son logement." Chaque parcours dure entre trois et six mois, un engagement sur le temps long.

Au premier étage, un tableau résume tous les ateliers prévus pour la semaine. La Cordée est un véritable lieu de vie pour les accueillis. © Radio France - Juliette Pierron

"Nous les voyons quasiment tous les jours : obligation d'un suivi psychologique, obligation de participer au groupe de parole, obligation de participer à un atelier pédagogique : écriture, expression des émotions etc. Et puis il y a une visite hebdomadaire à leur domicile et des visites dite 'inopinées' pour vérifier s'ils sont bien chez eux aux horaires exigés et voir comment ils s'occupent de leur logement quand ils ne nous attendent pas", explique Camille Maridet-Juan, chef de service de La Cordée.

"Passer de la contrainte à l'adhésion."

Camille Maridet-Juan est formel : "Le plus difficile pour nous, c'est de passer de la contrainte à l'adhésion. Quand on les accueille à la sortie du tribunal, ils minimisent les faits : "Non mais moi je suis pas quelqu'un de violent", etc. Et c'est tout l'arsenal de soins proposés ici qui va les faire changer progressivement."

Gabrielle Ragot, éducatrice spécialisée et Vincent Robillard, technicien socio-éducatif travaillent tous les deux à la Cordée auprès des accueillis. © Radio France - Juliette Pierron

Le groupe de parole est un moment crucial : "il s'y passe beaucoup de choses", explique Vincent Robillard, technicien socio-éducatif qui les co-anime.

"Lorsque certains racontent, ça fait 'effet miroir' pour d'autres. Ils sentent qu'ils peuvent parler sans être jugés. C'est la clé pour prendre conscience de ses actes. Parfois, ils se confient sur les violences dont ils ont pu être victimes eux-mêmes et qui les ont amenés à reproduire. Certains parlent de traumatismes pour la première fois de leur vie. Il y a beaucoup d'étapes franchies durant ce temps de parole", raconte Vincent Robillard, technicien socio-éducatif à La Cordée

"Sans La Cordée, j'aurais pu passer à l'acte."

Nicolas Spiegel, directeur du centre de La Cordée, prévient : "Le but n'est pas de leur trouver des excuses. Le but, c'est de protéger les victimes. Pour ça, il faut éviter la récidive et la meilleure manière de le faire, c'est qu'ils changent radicalement leur rapport à l'autre."

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Par exemple, la première chose que font les nouveaux accueillis, c'est de passer un brevet de secouriste. "Ça parait anodin comme ça, mais ça met pleins de petites choses en place... Symboliquement, ils passent de bourreaux, d'auteurs de violences conjugales à des personnes qui sont en capacité de protéger et de sauver des vies."

La Cordée est équipée d'une cuisine. chaque jeudi soir, un binôme se met aux fourneaux pour faire découvrir un plat aux autres. © Radio France - Juliette Pierron

Ils font aussi des activités à sensations fortes en groupe, telles que l'escalade. "Encore une fois, attention : ce n'est pas la colonie de vacances. On les prévient bien. On organise ces excursions pour observer leurs réactions lorsqu'ils sont en difficulté et les aider à mieux gérer leurs émotions."

Une excursion canyoning organisée par la Cordée pour apprendre aux auteurs de violences conjugales à gérer leurs émotions lorsqu'ils sont en difficulté. © Radio France - Juliette Pierron

Pour Camille Maridet-Juan, l'un des moments forts, c'est la synthèse, le premier point d'étape un mois après leur arrivée : "Très souvent, c'est encore arrivé la semaine dernière, on entend : "Sans la Cordée, j'ai conscience que j'aurais pu passer à l'acte", c'est-à-dire : commettre un féminicide."

Depuis la création de la Cordée, aucun auteur de violences conjugales et intra-familiales pris en charge par la structure n'a récidivé. 

En 2022, une dizaine d'autres structures devraient ouvrir ailleurs en France, avec à chaque fois une quinzaine de places disponibles. 

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