À Paris, elles collent des affiches pour dénoncer les violences sexistes
Depuis le mois d'août, le collectif "Les Colleuses" dénonce les violences sexistes et les féminicides en collant, notamment à Paris, des slogans sur les murs.

Elles sont trois jeunes femmes, à errer dans le quartier Montparnasse ce dimanche soir. Anouk, Alice et Annabelle*, la vingtaine, parcourent depuis près de trois mois les rues de la capitale et collent des slogans pour dénoncer les violences sexistes.

Tout a été préparé dans la journée. Alice et Anouk ont rapporté dans leur sac des ramettes de papiers sur lesquels elles ont peint des lettres en noir. Annabelle, elle, s'est occupée de la colle.
Les trois colleuses se dépêchent. "On a souvent des remarques, essentiellement d'hommes, qui nous font comprendre que ce qu'on fait c'est mal. Parfois, ils arrachent les affiches en même temps qu'on les colle", explique Alice.
C'est vrai qu'elles sont efficaces. D'abord, parce que cette pratique est illégale. Elles risquent pour cela une amende. "Je remarque qu'il y a une tolérance différente. Dans le quartier latin par exemple, les flics nous font moins chier (sic) qu'à l'Ouest de Paris", constate Alice.
Les messages ce soir-là sont collés en quelques minutes à peine. Le travail est collégial, jusqu'au choix des slogans. "On en a des petits et des plus gros pour coller en fonction des murs, témoigne Anouk. On essaye de coller en hauteur pour qu'on ne puisse pas les arracher facilement".
Car elles savent que ce sera peut-être éphémère comme le regrette cette dernière : "Certains retirent les "e", toutes marques de féminité comme si ça les dérangeait qu'on parle des femmes".
Un engagement féministe
Comment ces jeunes femmes se sont-elles retrouvées dehors dans la nuit froide à coller des affiches sur les murs ? "Je m'intéressais au féminisme mais je ne savais pas comment m'engager. Et puis j'ai vu ces affiches, j'ai contacté le groupe Instagram des colleuses. Cette action me semblait accessible", se rappelle Alice.

Pour Annabelle, c'est aussi un moyen de se réapproprier la rue : "Quand les femmes se déplacent le soir, elles tiennent leur clé d'appartement au cas où, elles changent de trottoir quand elles croisent un groupe d'hommes au cas où. Là c'est tout un symbole de marcher dans la rue entre femmes".
Un symbole pour dénoncer des violences en constante augmentation. 149 femmes seraient mortes du sexisme cette année en France d'après le collectif Féminicides par compagnons ou ex. Le Grenelle des violences conjugales n'a pas apporté les réponses adaptées pour ces jeunes femmes qui continueront d'arpenter les rues pour afficher leurs slogans.
* le prénom a été modifié.