A Paris, ils ne veulent pas d'un club de jeux dans leur quartier
L'ouverture imminente d'un club de jeux dans une galerie marchande du 13e arrondissement de Paris inquiète les élus, les riverains et les commerçants. Ils redoutent des nuisances, et estiment le lieu très mal choisi. Une pétition a été lancée. Le casinotier se veut rassurant.
Le groupe Raineau a reçu le feu vert du ministère de l'Intérieur pour installer un club de jeux au premier étage d'un centre commercial entre les portes d'Ivry et de Choisy (13e arrondissement). Le problème c'est que les élus ont découvert ce projet très tardivement, cet été : ils n'ont jamais été mis dans la boucle. Le maire PS du 13e arrondissement a du mal à digérer. Le conseil d'arrondissement a même voté un vœu unanime contre le projet.
Je trouve scandaleux que la commission nationale qui a donné cette autorisation n'ait pas pris la peine de me consulter ni même de m'informer, surtout au vu de l'importance de cette installation. Jérôme Coumet, maire du 13e arrondissement
Le casinotier, qui va recruter 160 personnes, table sur une fréquentation de 130.000 clients par an. La salle sera ouverte toutes les nuits (de 22h à 6h). Dans la galerie Masséna, les commerçants redoutent des nuisances. Mina, qui travaille juste en face du local en travaux, craint "des bagarres, et des vols". Une association d'habitants a lancé une pétition pour "protéger le quartier", invoquant la proximité des écoles et "l'influence néfaste sur la jeunesse (...), la recrudescence de l'insécurité", ou encore "l'image détériorée de l'arrondissement".
Comme le maire de l'arrondissement, le député (LREM) de la circonscription, Buon Tan, rappelle que le quartier souffre déjà de la prostitution, des vendeurs à la sauvette et des tables de bonneteau clandestines. Le secteur est très densément peuplé, entouré de tours. Le parlementaire insiste aussi sur le risque d'entraîner une population pauvre dans la spirale de l'addiction au jeu. Et pointe enfin le cynisme de cibler ouvertement la communauté asiatique réputée joueuse, un préjugé "limite" selon lui.
Officiellement, l'exploitant de l'Impérial Club dit viser une clientèle du sud et de l'est parisien, ainsi que du Val-de-Marne. Et se justifie par la volonté de s'installer "là où ses concurrents ne vont pas". Mais le nom du club et surtout son logo sont assez explicites.
Je comprends les inquiétudes même si je pense qu'elles ne sont pas fondées. On aura une sécurité importante à l'intérieur et aux abords du club pour que les gens qui viennent nous rendre visite puissent le faire en toute sérénité, et avoir envie de revenir. Olivier Raineau, président du Groupe Raineau
Buon Tan a demandé à rencontrer l'exploitant ce mercredi. Le député a d'ores et déjà saisi le ministère de l'Intérieur pour demander la suspension voire le retrait de l'autorisation du club. Un rendez-vous est fixé aussi avec les services de la préfecture de police.
Pourquoi des clubs de jeux à Paris ?
Après la fermeture de tous les cercles de jeux associatifs à Paris, le gouvernement a autorisé pour 3 ans à compter du 1er janvier 2018 une expérimentation des clubs privés dans la capitale. Ils n'ont le droit de proposer que des jeux de table, à l'exclusion du blackjack. A ce jour, seul le Paris Elysées Club (Groupe Tranchant) est en activité, rue Marbeuf. Après l'Impérial Club en décembre, au moins deux autres vont ouvrir en 2019 dans les 8e et 16e arrondissements.