À Saint-Jean-Bonnefonds, les habitants d'une résidence en ont ras-le-bol de grelotter
Les habitants de trois résidences de Saint-Jean-Bonnefonds, dans la Loire, sont excédés. Ils passent l'hiver à grelotter dans leurs logements, et cela dure depuis plusieurs années. Plusieurs résidents viennent de lancer une nouvelle pétition à l'intention du bailleur social, Cité Nouvelle.
A Saint-Jean-Bonnefonds, dans la Loire, les locataires d'une résidence regroupant trois immeubles, rue du docteur Destre, en ont ras-le-bol du froid. Les températures dépassent difficilement les 19 degrés à l'intérieur. Le problème dure depuis plusieurs années, malgré les relances et la nouvelle pétition que viennent de signer 22 locataires.
Des températures difficilement supportables toute la journée chez soi
Il suffit de rester assis quelques minutes à l'intérieur des logements de la résidence pour sentir monter les frissons. Chez Priscilla, il fait à peine 17 degrés dans certaines pièces. Invivable pour cette mère de famille de deux enfants, dont un fils de deux mois et demi : "Je le camoufle, je lui mets des turbulettes, des couvertures, des pyjamas sur des pyjamas ... c'est pas une vie."
"On appréhende de prendre sa douche, de se poser devant la télé, d'arrêter de bouger." - Evelyne, une résidente
Les témoignages abondent. Les températures varient selon qu'on se trouve un étage en-dessus, ou bien en fonction de l'orientation des logements. Mais chez tous, la même fatigue et la même appréhension en rentrant le soir chez soi : "Il y a une appréhension pour tout, explique Evelyne. Alors que chez soi, normalement, c'est un peu le cocooning, on a envie de se détendre, mais ça n'est pas possible."
Veste polaire, mitaines et grosses chaussettes : le quotidien frigorifié des habitants d'une résidence de Saint-Jean-Bonnefonds, dans la Loire.
La résidence compte aussi des personnes âgées, qui passent leur journée à domicile, et puis des télétravailleurs pas ravis de devoir rester à la maison dans ces conditions : "la semaine dernière j'ai failli sortir les mitaines !" râle Georgie.
Mails, pétitions, appels au numéro d'intervention : rien n'y fait
Le bailleur social, Cité Nouvelle, est évidemment sollicité par les locataires sur ce sujet. Dès son arrivée il y a trois ans, Evelyne s'est lancée à bras-le-corps dans les relances au bailleur : "Ils ont installé des petits thermostats en 2018, puis fait isoler les dessous d'appartements du rez-de-chaussée et les toits. Mais les problèmes ont continué". Depuis, seul l'hiver 2019-2020 a été, selon ses dires, "correct".
La résidence date de 1971. Selon les habitants, les radiateurs sont devenus trop vétustes et ne permettent pas de chauffer correctement, malgré la nouvelle chaudière. Et les appels au numéro d'intervention continuent de se multiplier, sans suites concrètes : "hier on m'a répondu que ça allait prendre du temps, parce que j'étais la seule à appeler", enrage Evelyne.
Depuis son arrivée dans la résidence il y a trois ans, Evelyne a l'impression de mener une guerre d'usure.
Dans un courrier daté de septembre 2019, Cité Nouvelle reconnaît des défaillances et s'engage à poser de nouveaux équipements (robinets thermostatiques). Des travaux toujours pas faits, selon Evelyne.
La mairie est solidaire des habitants de la résidence
Contacté par nos soins, Cité Nouvelle indique que "si les habitants souhaitent plus de chaleur, il faut s'attendre à une augmentation des charges". Justement, ce qui est ubuesque aux yeux des résidents protestataires, c'est qu'ils payent trop de provision de chauffage. En fin d'année, au moment de la régularisation, Cité Nouvelle leur rembourse jusqu'à 200 euros de trop-perçu. "Nous on veut bien payer bien plus ! Mais déjà par rapport à ce qu'on paye, on nous rembourse !" explique Evelyne, à bout de nerfs.
La mairie de Saint-Jean-Bonnefonds est régulièrement mise au courant des problèmes de chauffage de cette résidence. "C'est d'ailleurs la seule qui pose problème sur la commune, souligne le maire Marc Chavanne. Est-ce que c'est un souci technique ? On aimerait bien que Cité Nouvelle nous réponde aussi." Ancien habitant lui-même de la résidence, le maire sait ce que traversent les habitants : "le problème se pérennise et ça n'est pas concevable", estime-t-il. Les résidents en colère, eux, ne comptent pas baisser les bras avant d'avoir obtenu gain de cause.