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À Saint-Just-le-Martel, des demandeurs d'asile travaillent la terre et préparent leur avenir
C'est ce samedi 20 juin la journée mondiale des réfugiés. L'occasion de vous parler d'un nouveau concept pour mieux accueillir les demandeurs d'asile. Depuis l'année dernière à Saint-Just-le-Martel, la "Terre en partage" encadre une dizaine d'hommes. Entre cours de français et travail de la terre.

Depuis l'année dernière, un "organisme d'accueil communautaire et d'activité solidaire" a vu le jour à Saint-Just-le-Martel en Haute Vienne. La "Terre en partage" accueille une dizaine d'hommes sur un site prêté par les Apprentis Orphelins d'Auteuil. Entre cours de français et agriculture en permaculture, ils font quelque chose de leur temps et préparent leur avenir.
Un ovni dans la prise en charge des demandeurs d'asile en France
"C'est un véritable ovni dans la prise en charge des demandeurs d'asile en France aujourd'hui" explique Boris Skierkowski, initiateur du projet avec sa compagne. À la "Terre en partage", chaque résident a une chambre. Ils suivent tous des cours de français. Ils s'engagent à travailler au potager 15 heures par semaine. Les demandeurs d'asile passent aussi à tour de rôle en cuisine et au ménage.
"Le but, c'est de rendre utile et constructive la procédure d'asile. C'est de l'innovation sociale. On veut prouver que l’accueil peut-être différent", explique celui qui a changé de vie et quitté Paris pour organiser et encadrer la "Terre en partage". En temps normal, il est vrai que les demandeurs d'asile, logés par l'Etat, ne peuvent rien faire sinon regarder le temps passer. À Saint-Just-le-Martel, ils ont de quoi s'occuper. Et pas n'importe comment.
Des journées bien occupées à la "Terre en partage"
"On travaille sur l’assiduité. La ponctualité. Mais aussi sur la dignité. Certains gars nous disent qu'ils ne sont pas venus en France pour manger et dormir, qu'ils manquent d'activité. Ici, ils ont le sentiment d'être utiles", affirme Boris Skierkowski. Des demandeurs d'asile visiblement ravis d'apprendre le travail de la terre en permaculture, et d'enfin faire quelque chose de leurs journées.
Samba Camara fait partie des 14 demandeurs d'asile actuellement présents à la "Terre en partage". Ce jeune Mauritanien a été tabassé parce qu'il ne voulait pas quitter une femme dont l'ethnie est considérée comme inférieure à la sienne. En France depuis 2018, il est passé par Paris avant des journées entières d'ennui à Peyrat-le-Chateau :"J'étais enfermé dans une chambre. Je n'avais pas d'activité. Seulement dormir. Moi j'aime être avec les gens et le travail collectif. Là, je suis très content" explique t-il, tout sourire, en plein travail de désherbage.
On montre que les étrangers ne sont pas des criminels
Un bonheur partagé par Noorzai Zakiullah. Cet Afghan a quitté son pays à cause des terroristes. Il est loin désormais son passage par Paris, le métro et le camp de fortune. "C'est un bon moment qu'on passe ici. Et on montre que les étrangers ne sont pas des criminels. On travaille comme les français" explique t-il dans une langue de Molière déjà bien maîtrisée. "Je travaille la terre depuis tout petit mais pas comme en France. En six mois, j'ai appris comment on plante les légumes. Je sais tout", dit-il fièrement.
De jeunes hommes encadrés par trois salariés et une dizaine de bénévoles. Notamment Jean-Luc, responsable technique de la culture maraîchère. Ce qu'il voit à la "Terre en partage" lui plaît beaucoup. "A chaque fois, ils posent des questions. Ils assimilent facilement. On arrive à des progrès énormes. Avec une super ambiance. Ils sont tous volontaires au travail. C'est valorisant pour tout le monde. C'est quelque chose de formidable", raconte t-il en montrant tout le travail accompli.
Leurs légumes en vente directe pour financer le projet
Leur potager en permaculture fait un hectare et demi dont 3.000 mètres carrés de serres. Les légumes sont en partie consommés par les résidents. Tout le reste est vendu. A la boutique du site mais aussi aux cantines de Saint-Just-le-Martel et Saint-Léonard-de-Noblat ainsi qu'à des Ephads. Des ventes qui doivent permettre de pérenniser ce projet qui ne bénéficie d'aucune aide de l'Etat. Les demandeurs d'asile ont aussi un peu d'argent. De quoi les rendre un peu plus autonomes. Et mieux préparés pour s'intégrer s'ils ont la chance d'obtenir leur autorisation de rester en France.
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