Affaire Gvantsa à Dijon : une procédure "très inhabituelle" pour la bâtonnière de Dijon
La jeune Gvantsa, ressortissante géorgienne scolarisée au lycée à Dijon, a été interpellée et emmenée en centre de rétention à Metz ce samedi. Une arrestation "surprenante" pour notre invitée, Dominique Clémang, la bâtonnière du barreau de Dijon.

Expulsable à tout moment
Gvantsa est-elle toujours en France à l'heure où nous écrivons ces lignes ? "Je ne peux rien vous affirmer", répond Dominique Clémang, qui est également l'avocate du papa de Gvantsa, "je ne sais pas du tout où en est l'éloignement de Gvantsa à l'heure qu'il est, mais si elle a été interpellée samedi matin, c'est vraisemblablement parce que la préfecture avait un avion avant 48 heures."
L'affaire est compliquée : Gvantsa, c'est une ressortissante géorgienne âgée de 19 ans, arrivée en France avec son père à l'âge de 17 ans. Elle est scolarisée à Dijon au lycée Hippolyte Fontaine, c'est une élève sans problème, mais aussi sans papier, au contraire de son papa, désormais marié à une Française. Comme l'y oblige la loi, elle est allée pointer au commissariat ce samedi, moment choisi donc, par les autorités, pour l'arrêter. Une situation absurde, juge Dominique Clémang.
A ma connaissance, c'est une première à Dijon, surtout pour une jeune fille
"C'est légal, mais ce n'est pas du tout habituel. Les gens qui sont assignés à résidence, viennent justement pointer tous les jours ou toutes les semaines, Gvantsa le faisait loyalement, donc il n'y a avait aucune raison de l'interpeller de cette manière. On n'a pas affaire à une délinquante, c'est une jeune fille, elle a une adresse à Dijon, le placement en centre de rétention est donc totalement inhabituel. A ma connaissance, c'est même une première à Dijon, surtout pour une jeune fille."
Centres de rétention ou centres de détention ?
Légale, l'existence des CRA l'est sans aucun doute. Mais la frontière entre rétention et détention semble de plus en plus poreuse aux yeux de Dominique Clémang : "les centres de rétention, à l'origine, ont été créés pour échapper à des zones de non-doirt, en réliaté ils sont devenus aujourd'hui des zones de non-droit. les gens s'entassent aujourd'hui, alors qu'il ne s'agit pas de délinquants, on a allongé les durées de rétention de 45 jours à 90 jours dans la nouvelle loi, on est enfermé dans des endroits pas du tout adaptés. Il y a des familles, des enfants, des vieillards, dans des conditions tout-à-fait inhumaines, qui ont d'ailleurs conduit les associations à dénoncer cette situation auprès du gouvernement."
En attendant, un appel a été déposée pour annuler la décision d'éloignement de Gvantsa, l'audience est fixée au 10 septembre prochain. En attendant, une pétition en soutien à la jeune femme circule sur internet, signée à ce jour par près de 1700 personnes.
L'interview de Dominique Clémang à retrouver en intégralité ci-dessous :
L'invitée de France Bleu Bourgogne : Dominique Clémang