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Allongement du délai de l'IVG : aucun gynécologue n'est prêt à le pratiquer dans l'Indre

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Ce mardi soir, les députés ont une nouvelle fois approuvé l'allongement du délai légal d'avortement en France, de 12 à 14 semaines de grossesse. Toutefois, il pourrait avoir des conséquences contreproductives dans l'Indre… Voire mener à la disparation de cette opération. On vous explique pourquoi.

La façade du Centre Hospitalier Châteauroux - Le Blanc, où 4 gynécologues-obstétriciens réalisent les IVG par aspiration du département. La façade du Centre Hospitalier Châteauroux - Le Blanc, où 4 gynécologues-obstétriciens réalisent les IVG par aspiration du département.
La façade du Centre Hospitalier Châteauroux - Le Blanc, où 4 gynécologues-obstétriciens réalisent les IVG par aspiration du département. © Radio France - Manon Klein

L'Assemblée nationale a de nouveau adopté hier soir, à 63 voix contre 30 (et 6 abstentions), l'extension du délai légal pour pratiquer une interruption volontaire de grossesse (IVG), de 12 à 14 semaines. C'est la mesure phare d'une proposition de loi "visant à renforcer le droit à l'avortement", débattue en deuxième lecture dans l'hémicycle depuis le début de la semaine. 

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Le texte est loin d'être définitivement adopté, car il doit encore être voté par les députés, puis il retournera au Sénat en février 2022. Toutefois, si la loi venait à passer, elle pourrait avoir d'importantes conséquences sur le territoire, et potentiellement contreproductives

Vers une disparation de l'avortement par aspiration

Aujourd'hui, seuls quatre gynécologues pratiquent l'avortement par aspiration dans l'Indre, c'est-à-dire au-delà de cinq semaines et jusqu'à douze semaines de grossesse (14 semaines d'aménorrhée). Toutes les opérations, un peu plus de 100 par an, sont regroupées au centre hospitalier de Châteauroux-le Blanc. Or ces quatre médecins s'opposent fermement à l'allongement du délai pour pratiquer l'IVG à 14 semaines

Françoise Bandaly, chef du service de gynécologie-obstétrique de l'hôpital, est l'une d'elles. "Je suis absolument opposée à cet allongement pour des raisons éthiques et de santé publique. C'est une technique complètement différente qu'il faudra utiliser, ce n'est plus une méthode par aspiration mais par morcellement", explique-t-elle. 

Je ne le ferai pas, et mes collègues non plus

Elle feront alors jouer leur clause de conscience, qui permet à tout médecin de refuser de pratiquer un acte médical. "Il faut bien comprendre qu'un fœtus de 14 semaines mesure 15 cm, donc on ne peut pas le passer dans une canule d'aspiration, il faut le morceler, c'est à dire l'écraser à la pince, et je trouve cela absolument infect", détaille-t-elle.

"Si cette loi passe, nous nous retirerons immédiatement de cette pratique, donc il n'y aura plus de gynécologues sur le département qui pratiqueront des IVG [par aspiration]" estime-t-elle. Elle évoque l'idée d'une clause de conscience spécifique à ces deux semaines supplémentaires, pour lui permettre, ainsi qu'à ces trois collègues, de continuer à pratiquer les IVG en-deçà de 12 semaines de grossesse. 

Mise en garde du planning familial 36

Le Planning familial 36 alerte sur ce risque, "évidemment que pour nous c'est une très grande avancée si la loi est adoptée dans ce sens là [avec l'allongement du délai de l'IVG]", commence Sarah Bourdin, animatrice. "Elle permettra à certaines femmes actuellement hors-délai en France, de ne pas avoir à partir à l'étranger, et donc de ne pas perdre leurs droits de remboursement, de prise en charge et d'accompagnement pour mener cet acte." Toutefois, elle s'inquiète quant à la concrétisation de cette loi

"On a déjà des clauses de conscience à 12 semaines pour pratiquer des IVG par aspiration" relève Sarah Bourdin. A l'hôpital de Châteauroux, seuls quatre des huit gynécologues pratiquent des IVG. Dans l'Indre, environ 300 avortements sont réalisés chaque année, dont un peu moins des deux tiers par voie médicamenteuse (jusqu'à cinq semaines de grossesse), et le tiers restant par aspiration.

Des informations concernant l'IVG sont disponibles sur le site du planning familial 36 ou au numéro vert national : 0800 08 11 11

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