Après les violents affrontements au Pouzin, les gilets jaunes reconstruisent leur lieu de rassemblement
Jamais la commune du Pouzin (Ardèche) n'avait connu de telles scènes de violence. Samedi soir, 19 gendarmes et 2 manifestants ont été blessés dans les affrontements qui ont opposé casseurs et forces de l'ordre. Les gilets jaunes ont réinstallé leur campement dès ce dimanche.

Pourquoi la situation a-t-elle dégénéré à ce point samedi soir au Pouzin ? Jusque-là, le mouvement des gilets jaunes sur le rond-point de la Rotonde se déroulait sans incident.
Ce samedi, ils étaient environ 200 gilets jaunes rassemblés comme d'habitude lorsque des heurts ont éclaté à partir de 17h entre les forces de l'ordre et les manifestants. L'interpellation d'un gilet jaune qui s'est avéré être porteur d'un couteau et de pétards aurait mis le feu aux poudres. Des casseurs, venus notamment de la Drôme voisine, se sont mêlés aux manifestants.
Les affrontements ont dégénéré avec incendies et caillassage des forces de l'ordre qui ont utilisé du gaz lacrymogène. Selon le bilan de la préfecture : 19 gendarmes ont été blessés. L'un d'eux a reçu une boule de pétanque sur son casque, un autre a reçu une pierre au front. Selon le Procureur de la République de l'Ardèche, deux personnes interpellées samedi au Pouzin sont encore en garde à vue ce dimanche soir.
"C'est pas nous qui avons fait ça" — Pascal, gilet jaune au Pouzin
Dès dimanche matin, les gilets jaunes ont commencé à reconstruire leur cabane et à balayer les voies. "Il y a des milliers de clous et les vestiges de cette soirée sur le sol, constate Pascal en balayant, il nous faudrait un service d'ordre de gilets jaunes pour empêcher les casseurs de venir. _C'est pas nous qui avons fait ça_."
Pour beaucoup d'entre eux, il est "indispensable" de dissocier leur groupe de gilets jaunes des casseurs, ceux arrivés plus tard dans la journée de samedi. "On ne les avait jamais vus ici avant", rapporte Bernard.
"C'est de la folie, c'est de la guerre, je n'avais jamais vu ça" — Alain Martin, maire du Pouzin
Le maire de la commune, Alain Martin, comprend les revendications des gilets jaunes mais il se sent impuissant, "dans une guerre il y a deux parties. Et à un moment donné, il faut bien que les deux parlent. Aujourd'hui, les manifestants parlent. L'Etat doit aussi parler parce que nous, nous sommes dans des situations incroyables." Après trois semaines de mobilisation, Alain Martin, n'en peut plus, "j'espère qu'on va s'en sortir le plus rapidement possible. C'est de la folie, c'est de la guerre. Je n'avais jamais vu ça."
De leur côté, les gilets jaunes du Pouzin restent mobilisés, "on ne lâchera rien, on restera mobilisés jusqu'à ce que le gouvernement nous entende", insiste Elodie, une manifestante du Pouzin.