Un restaurant participatif de Croix confie le temps d'un service ses cuisines à une cheffe réfugiée syrienne
Du 18 au 24 juin, la 4e édition du "Refugee Food Festival" a permis à huit restaurants de la métropole de Lille d'accueillir des chefs réfugiés le temps d'un service. Une belle occasion de découvrir la cuisine syrienne ou encore soudanaise et d'aider à l'insertion professionnelle de ces chefs.

La quatrième édition du "Refugee Food Festival" a lieu tout au long du mois de juin dans 15 villes en France (comme à Marseille, Rennes ou Lyon) et dans le monde (à Genève, Copenhague, Le Cap ou encore New York). La métropole de Lille accueille également cette initiative pour la troisième fois. Huit restaurants y confient leurs cuisines à des chefs réfugiés, amateurs ou professionnels, le temps d'un ou deux services. Ceux-ci, originaires du Soudan, de Mauritanie ou de Syrie, élaborent les menus et dirigent la brigade en charge de préparer les repas.
L'objectif est multiple : selon Barthélémy Marsac, bénévole de l'association à Lille, "il s'agit non seulement de faire évoluer le regard sur les personnes réfugiées en permettant une _rencontre culturelle_, mais aussi de déclencher chez ces cuisiniers l'envie de s'intégrer professionnellement dans la cuisine".
Une grande diversité de types de restaurants
A côté de restaurants traditionnels, on trouve dans la liste des participants cette année aussi bien un Relais & Châteaux (Le Clarance Hôtel), qu'un restaurant participatif, où l'on peut habituellement venir préparer à manger le matin et déjeuner le midi en payant le montant que l'on souhaite ("Les Petites Cantines" de Croix, dans la métropole lilloise).
Mercredi 19 juin, "Les Petites cantines" de Croix, dont nous avions suivi l'ouverture en octobre dernier, accueillaient ainsi la cheffe syrienne amateure Chérine Al Assali, réfugiée en France depuis 3 ans et résidant à Villeneuve D'Ascq. En collaboration avec la directrice du restaurant Marion Gavelle, elles ont élaboré un menu à partir des recettes familiales de Chérine.

Pour Marion Gavelle, rejoindre le festival découle naturellement des engagements des "Petites cantines" depuis leur création: "Aider les personnes réfugiées me tient à cœur, j'ai entendu parler du festival il y a deux-trois ans, donc j'ai lancé l'idée après l'ouverture de la cantine. Deux bénévoles du festival m'ont présenté Chérine et ça a bien matché entre nous!"

Les cuistots du jour qui ont participé à l'atelier cuisine devaient exceptionnellement payer leur inscription pour permettre à Chérine de toucher une petite rémunération. Mercredi 19 juin, ils étaient une dizaine affairés à préparer le menu du jour.

Vers 13h, une quarantaine de convives ont rejoint les cuisiniers et se sont installés de l'autre côté de la pièce : il y a là des retraités, des mamans avec leurs enfants, beaucoup d'habitués, venus découvrir plus la plupart d'entre eux la cuisine syrienne à l'occasion de ce repas spécial.
"Des saveurs que l'on a pas l'habitude de goûter"
"C'est parfumé, inattendu, complètement différent de nos cuisines", assure Marie-Jo, une habituée, devant l'entrée qu'elle a préparé, les bouracks, des beignets fourrés au mascarpone et baignés dans l'huile, avec de la graine de nigelle. "Ce sont des saveurs que l'on a pas l'habitude de goûter" ajoute Julien lorsqu'il déguste le Halawate joubine, un dessert composé de semoule, de mascarpone, de lait écaillé, de fleur d'oranger et de pistache.
Grâce à ces deux journées, Chérine Al Assali espère gagner confiance en elle, se faire un début de réseau, avec l'objectif de faire de sa passion un métier.