Confinement : "beaucoup de producteurs ne se relèveront pas" de la fermeture des marchés en pays de Savoie
C'est la principale nouvelle mesure annoncée par le gouvernement pour lutter contre la propagation du coronavirus : la fermeture des marchés, qui étaient jusque là encore ouverts. Une décision qui passe mal auprès de nos agriculteurs des Pays de Savoie. Inquiets, ils tentent de s'organiser.
La France est confinée depuis un peu plus d'une semaine et jusqu'à maintenant les marchés étaient encore autorisés. Mais depuis ce mardi martin, c'est terminé. Le gouvernement, toujours pour lutter contre la propagation du coronavirus, a décidé de durcir ses mesures. Tous les marchés du pays désormais sont désormais fermés jusqu'à nouvel ordre, excepté dans les communes où le maire a obtenu une dérogation du préfet.
Pas de vente et beaucoup de pertes
Après la fermeture des restaurants, cette mesure est un vrai coup de massue pour les agriculteurs. François Chamot, président des Jeunes Agriculteurs de Haute-Savoie est inquiet : "Je le crains, économiquement, beaucoup ne s'en relèveront pas." Il trouve cette décision "injuste" et l'assure : "des producteurs se retrouvent au pied du mur. Pour beaucoup de nos producteurs, les marchés en plein air sont le seul débouché. _On ne peut pas arrêter de produire, les vaches n'ont pas de robinet_. Désormais ils se retrouvent dans l'incapacité de vendre des denrées périssables qui vont être jetés, et sont donc sans revenu."
Même la dérogation ne rassure pas
Même la possible dérogation que peuvent obtenir certains maires ne rassurent pas les agriculteurs. C'est le cas de Thierry Bonnamour, maraicher à Dullin et porte-parole de la Confédération paysanne de Savoie. "Comment va-t-on communiquer sur l'ouverture de tel ou tel marché ? Personne ne saura vraiment donc plein de gens ne viendront pas. Ensuite, on met le doute sur la protection sanitaire mis en place dans les marchés et donc à force même ceux qui viennent seront méfiants. On est coincé dans cette situation."Pour rien arranger, Thierry Bonnamour tire déjà le constat que "_depuis la semaine dernière, il y a une large de baisse de la fréquentation des marchés_. J'ai appelé une productrice qui vend sur le marché de Chambéry et elle m'a dit qu'elle avait vendu le tiers de ce qu'elle fait d'habitude."
La mairie : la solution pour continuer l'activité
Malgré ce coup dur, il faut maintenant trouver des solutions. Il en existent, notamment en travaillant avec les mairies. Daniel Bonfils est producteur de lait à La Motte-Servolex et habitué du marché de Chambéry. Il vient d’être contacté par le maire Michel Dantin pour collaborer : "Moi _ce que j'imagine, c'est que la mairie de Chambéry mette en route un site avec la liste des producteurs et nos marchandises_. Nos clients, qui nous connaissent, commanderaient en ligne ce dont ils ont besoin et nous le matin tôt on livrerait à un point donné. Et si c'est faisable, eux viendraient retirer à la mairie de Chambéry par exemple." La ville d’Annecy envisage également une collaboration avec les agriculteurs. L’idée serait de les installer dans des espaces contrôlées comme par exemple les écoles.
La grande distribution en renfort ?
Les agriculteurs attendent également "un geste" de la grande distribution. "On va faire pression avec la Chambre d'agriculture" prévient Daniel Bonfils. "C'est le moment de privilégier les productions locales". De son côté, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a appelé la grande distribution au “patriotisme économique” en s’approvisionnant en priorité auprès des agriculteurs français.