Bègles : l'occupation d'un terrain par des Roms bloque un projet de centre commercial
Un projet de centre commercial, sur la zone des Rives d'Arcin à Bègles, est à l'arrêt depuis 2016 en raison de la présence d'environ 200 Roms sur le terrain, qui vivent dans des conditions insalubres. Le propriétaire implore la préfecture d'agir.

Le nouveau centre commercial de Bègles, va-t-il enfin voir le jour ? Le projet de 28 000 mètres carrés doit accueillir des commerces, des restaurants ou encore des salles de sport. Il est à l'arrêt depuis quatre ans car des populations Roms sont installées sur le terrain situé rue Denis Papin, près des Rives d'Arcin. Il s'agit de l'ancien site du fabricant girondin de luminaires, Corep Lighting.
Le groupe CTI, une société d’immobilier professionnel propriétaire du site depuis 2014, a lancé des recours en justice pour faire évacuer les Roms mais la préfecture de la Gironde tarde à réagir.
Trois décisions de justice
Trois arrêtés d'expulsion ont déjà été pris par la justice mais la préfecture de la Gironde n'a toujours pas procédé à l'évacuation des populations Roms qui vivent sur le terrain.
Pourquoi nous n'obtenons pas la force publique pour faire évacuer ce site ? - Gerardo Pariente, propriétaire du terrain.
"Il y a un vrai blocage alors que tous les permis ont été acceptés et que le projet immobilier a été validé. La présence de cette population sur ce site rend l'avancée du projet impossible. Il reste à actionner la responsabilité de l'Etat", prévient Arnaud Chevrier, l'un des avocats du groupe CTI.
Dans un communiqué, le mairie de Bègles, Clément Rossignol Puech, appelle l'Etat à trouver des solutions durables de mise à l’abri des personnes avant toute opération d’évacuation du site. "La ville de Bègles a multiplié les efforts et les démarches auprès de ses partenaires associatifs, services de l’Etat et collectivités locales afin d’activer le plus de solutions d’hébergement ou de relogement possibles. L’enjeu est celui de la dignité des personnes, de la protection des mineurs et des familles", écrit l'édile de Bègles.
De son côté, la préfecture de la Gironde dit avoir engagé, fin octobre, des procédures de recensement de la population qui vit sur le terrain et un diagnostic social pour leur trouver des solutions de relogement ou les expulser du territoire selon les cas.
Un risque sanitaire important
Environ 230 Roms, dont 80 mineurs, occupent le terrain, composé de plusieurs bâtiments désaffectés. Ils vivent dans des habitation de fortune fabriquées avec des matériaux de récupération. Sur place, il y a de l'eau courante mais pas de sanitaires.

Le site a tout d'une décharge à ciel ouvert, il abrite des montagnes de déchets, des dizaines de carcasses de voitures. Des fils électriques pendent au-dessus de grosses flaques d'eau et des rats seraient également présents.

Une insalubrité qui met en danger les populations. "Le site est totalement pollué et amianté [les bâtiments désaffectés du site contiennent de l'amiante, ndlr]. Les occupants ont pollué le site avec des hydrocarbures, des huiles de vidange, des carcasses de voitures", alerte Gerardo Pariente.
Un projet remis en cause ?
Initialement, le centre commercial devait être terminé fin 2018 mais un nouveau permis de construire prévoit la livraison pour début 2021. Un retard difficile à faire avaler à la quinzaine d'enseignes qui doit s'installer dans le centre commercial. En raison de l'occupation du site, "nous ne pouvons pas donner de date à nos futurs locataires et cela remet en cause 300 à 400 emplois", s'inquiète Gerardo Pariente, le propriétaire des lieux. Selon lui, deux enseignes se sont déjà désengagées.
Gerardo Pariente estime que le retard du chantier lui a déjà coûté environ 3 millions d'euros.