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Boudu ! L'occitan est en danger, avec moins de 600.000 locuteurs

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Selon une étude de l'Office public de la langue occitane menée sur les régions Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine et le Val d'Aran, l'occitan est "en sérieux danger d'extinction".

Le taux de locuteurs d'Occitan tombe à 2% à Toulouse ! Le taux de locuteurs d'Occitan tombe à 2% à Toulouse !
Le taux de locuteurs d'Occitan tombe à 2% à Toulouse ! © Maxppp - XAVIER DE FENOYL

La langue occitane est en danger, plus que jamais. C’est que confirme une étude de l’Office public de la langue occitane, dévoilée en juin dernier et passée plutôt inaperçue. L'enquête téléphonique a été menée auprès de 8.000 habitants des régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine, mais aussi de la petite région pyrénéenne du Val d’Aran (Espagne), tout près du Comminges. Ce n'est certes pas l'ensemble du bassin linguistique, qui va jusqu’en Auvergne, en Provence, dans une partie des Alpes, et dans le Val d'Aoste italien, mais c’est tout de même le territoire majeur de la langue.

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Aujourd’hui seules 7% des personnes interrogées assurent pouvoir parler occitan sans aucune difficulté, ou du moins tenir une conversation simple. Un chiffre en baisse de quatre points en 10 ans. Cela représente aujourd'hui 540.000 locuteurs, "a bisto de nas" (à vue de nez). L’occitan est donc une langue "en danger sérieux d’extinction", selon la nomenclature de l’UNESCO.

Le taux tombe même jusqu’à 2% à Toulouse, pourtant la capitale de l’Occitanie ! Et ce n'est pas faute d'avoir traduit certains panneaux et mis en place des annonces en occitan dans le métro toulousain, pour indiquer les stations. La Haute-Garonne a lui aussi planté des panneaux bilingues à l'entrée du département.

"Quand je vais au marché à Léguevin, j'entends plus parler anglais qu'occitan !"

Mais il faut dire que l’agglomération toulousaine connait un grand brassage de population, avec des salariés venus d’autres régions, voire de l’étranger, pour l'aéronautique. C'est un peu ce qui fait "rouméguer" Jean-Claude Lefort, le président du Cercle Occitan de Léguevin, à l'ouest de Toulouse : "Quand je vais au marché à Léguevin, j'entends plus parler anglais qu'occitan, ou même parisien ! C'est un peu la faute des autochtones, qui ne le parlent pas suffisamment, ou qui en ont honte".

Un panneau en occitan, à la frontière des Hautes-Pyrénées et de la Haute-Garonne.
Un panneau en occitan, à la frontière des Hautes-Pyrénées et de la Haute-Garonne. © Radio France - Mathieu Ferri

Il rappelle d'ailleurs que parler occitan fût longtemps interdit, pour faire place au français. Il juge que les Toulousains devraient aujourd'hui assumer leur part occitane, l'histoire riche de la langue, et même la revendiquer. Lui essaie de le faire, en parlant autant qu'il peut, mais pas seulement. Bref, un état d'esprit : "Moi quand je vais au marché le dimanche, j'ai le béret sur la tête. Certains me disent que c'est folklorique. Peut-être, mais ça fait rien ! Au Pays Basque, ils ont tous le béret. Là-bas ça ne serait pas folklorique, mais ici ça le serait ? A'm'en'donné, il faut parler vrai !"

On parle davantage occitan en Aveyron et dans le Tarn qu'à Toulouse

Mais la pénétration de la langue occitane et de sa culture sont disparates, selon les départements. L’Aveyron fait partie des très bons élèves, avec plus de 18% de locuteurs. Plus de 14% pour le Tarn, et aux alentours de 10% pour le Lot, l’Ariège, l’Aude, et les Hautes-Pyrénées. Un peu moins encore pour le Gers et le Tarn-et-Garonne.

L’occitan survit pour l’instant grâce à l’enseignement à l’école, mais qui est encore confidentiel, et cet effort sur la jeunesse ne peut pas cacher que le portrait-robot de l’occitanophone est vieillissant : c’est plutôt un homme âgé de plus de 60 ans habitant à la campagne.

Petit à petit, les calandretas ("petites alouettes" en occitan) déploient cependant leurs ailes dans la région. Ces écoles bilingues franco-occitanes, associatives, attirent toujours des élèves à la rentrée. Mais les parents reconnaissent que c'est d'abord parce que ce sont des petites structures, avec un faible nombre d'élèves par classe. L'attrait pour l'occitan vient ensuite, pour une "ouverture d'esprit", ou pour faciliter l'apprentissage d'autres langues latines, plus tard.

Les écoliers bilingues influencent aussi leurs familles

À Léguevin, Duarte a scolarisé son fils de 10 ans à la calandreta. Lui parlait portugais avec ses parents, il a voulu donner une double culture à son fils, et apparemment ça lui plaît : "Ah oui, il s'éclate ! À la fin de la maternelle (à L'Isle-Jourdain), il nous a dit qu'il voulait continuer dans une école où on parle occitan".

Mais quand on lui demande s'il parle occitan avec son fils à la maison, Duarte avoue que non. "'C'est le problème", confesse-t-il en souriant : "on a voulu s'y mettre, j'ai voulu lui parler en portugais aussi, mais _e_n fait on est tellement habitué à parler français queça ne vient pas. On n'y pense pas."

"Je sais dire Adiou !"

Un peu plus loin, Rachel est venu récupérer Raoul, son "pitchoun" de 4 ans. Tout "espanté", il sait juste dire "Adiou" (salut) et quelques mots, mais la maman apprend en même temps. Il y a encore du boulot de prononciation, mais l’intention est là : "Je sais dire "Adiou", "cossi vas" (comment ça va ?), "va pla, for pla" pour répondre... J'ai appris en même temps que lui !"

L'immersion de son fils lui a donné envie d'aller plus loin : "On a discuté avec la maîtresse, justement, de la possibilité de faire des petites initiations à l'occitan, pour découvrir la langue. Moi, ça me plaît". Rachel, Alsacienne de naissance, a choisi l’occitan, pour ses enfants nés à Toulouse.

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