Caisse noire du patronat : les dons en liquide de l'UIMM allaient aux syndicats
Denis Gautier-Sauvagnac, ancien patron de la puissante branche métallurgiste du Medef, a expliqué ce lundi que les syndicats étaient les bénéficiaires d'enveloppes d'argent liquide distribuées au début des années 2000. Il s'exprimait devant le tribunal correctionnel de Paris, qui cherche à savoir ce que sont devenus les 16,5 millions d'euros disparus des caisses de l'UIMM.

Le procès a commencé lundi dernier, devant le tribunal correctionnel de Paris, et fait suite à l'ouverture d'une enquête en 2007. A l'époque, la cellule anti-blanchiment de Bercy (Tracfin) signale d'importants retraits suspects de la caisse de l'UIMM (Union des industries et des métiers de la métallurgie). Cette caisse est alimentée par les entreprises adhérentes et est censée venir en aide aux groupes en difficulté.
Onze prévenus jugés
Problème : 16,5 millions d'euros retirés en liquide entre 2000 et 2007 ont littéralement disparu. Servaient-ils à fluidifier illégalement les relations entre partenaires sociaux ? Les cinq ans d'enquête n'ont pas permis de déterminer à qui l'argent était destiné, et onze prévenus sont jugés pour abus de confiance et travail dissimulé.
"Je suis coincé, je ne peux pas donner de noms"
La nouveauté, c'est que l'ancien patron de l'UIMM, Denis Gautier-Sauvignac, a visiblement décidé de passer aux aveux ce lundi. "Oui", l'argent était bien destiné aux syndicats, comme l'avait déclaré ces derniers jours un autre ancien dirigeant. Les cinq organisations représentatives (CGT, CFDT, FO, CFTC et CFE-CGC) en étaient les bénéficiaires, au travers de différentes combines. Soit par chèques pour des prestations imaginaires ("achats d'espaces publicitaires, locations de stands") ou par liquide de façon "plus discrète".Denis Gautier-Sauvignac n'a souhaité donner aucun nom de responsable syndical impliqué, expliquant qu'il ne voulait pas "trahir leur confiance". "Je suis coincé, je ne peux pas aller plus loin", a-t-il affirmé. Interrogé sur l'existence d'éventuelles compensations en échange de l'argent versé, l'ex-homme fort du patronat a affirmé qu'il n'y avait "aucune complaisance" de la part des syndicats, qui n'ont pas encore réagi. La CFDT avait déjà démenti la semaine dernière avoir déjà touché l'un de ces "versements secrets". Le procès s'achèvera le 22 octobre.