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Centenaire du traité de Versailles : 1919 en Moselle, après "l'éblouissement tricolore", la "déception"

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Il y a 100 ans, le traité de Versailles mettait un terme définitif à la Première guerre mondiale, et le retour de l'Alsace-Lorraine annexée en 1870. Pierre Brasme, spécialiste de l'histoire de la Moselle, raconte la "liesse" de l'armistice, mais aussi le "désenchantement" qui a suivi.

Pierre Brasme
Pierre Brasme © Radio France - Valérie Pierson

Le 28 juin 2019, le traité de Versailles était signé dans la galerie des glaces du château, entre les Alliés et l'Allemagne. Un traité qui signifiait non seulement la fin définitive de la guerre, mais aussi le retour à la France de l'Alsace-Lorraine annexée. 

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Une presse de langue française aux accents "très patriotiques et très anti-allemands"

En 1919, la presse messine francophone, interdite par les Allemands dès 1914, est à nouveau éditée : les journaux Le Lorrain et Le Messin sont les plus lus. Leurs éditorialistes, et notamment le chanoine Henri Colin, très influent à Paris, y affichent des sentiments "très patriotiques et surtout très anti-allemands", explique Pierre Brasme, de l'académie nationale de Metz, spécialiste de l'histoire mosellane.

Il faut qu'entre le Rhin et l'Alsace-Lorraine, il ne subsiste ni soldat, ni caserne, ni forteresse, ni arsenal allemand." - Chanoine Henri Colin, 21 mars 2019

Ces éditorialistes souhaitent "la fin de l'Allemagne conquérante et impériale. On veut repousser ses frontières le plus loin possible, poursuit-il, on veut qu'il n'y ait plus de guerre possible. On souhaite que le Rhin devienne la frontière naturelle de la France - une frontière fortifiée, que la France annexe le bassin de la Sarre, et que les Alliés contrôlent la rive gauche du Rhin." On le sait, les choses ne vont pas se dérouler ainsi.

Après l'armistice, "l'éblouissement tricolore"...

Pourtant juste après l'armistice, l'ambiance, en Moselle, est à la liesse. "C'est ce qu'on appelle l'éblouissement tricolore, raconte Pierre Brasme. Le retour des troupes françaises, les Poilus en bleu horizon et casque Adrian, les drapeaux tricolores, Poincaré et Clemenceau qui viennent à Metz le 8 décembre, bref, un sursaut de patriotisme phénoménal."

... Et très vite, le "malaise alsacien-lorrain"

Et puis, "très rapidement, arrive ce que l'on appelle le malaise alsacien-lorrain, c'est-à-dire la déception, explique le spécialiste. On est content d'être redevenus Français, mais on s'aperçoit que la France ne veut pas tenir compte du particularisme" des ex-territoires annexés : les lois sociales apportées par l'Allemagne, la non-séparation de l'Eglise et de l'Etat, etc...

Les éditorialistes de 1919 prédisent une nouvelle guerre "dans les 20 ou 30 ans à venir"

La déception, partagée et diffusée par les journaux messins, concerne aussi le traité de Versailles en lui-même : "les Américains et les Anglais veulent ménager l'Allemagne. Avec le traité de Versailles, elle sera remise entre les mains de la Société des nations". La Sarre n'est pas annexée mais seulement placée sous administration internationale pendant quinze ans, une période à l'issue de laquelle l'Alsace-Lorraine va redevenir la frontière avec l'Allemagne.

Ce qui fait prédire aux éditoralistes de 1919 "une nouvelle agression allemande" dans les 20 ou 30 ans à venir. En 1939 éclate la Deuxième guerre mondiale.

Pierre Brasme anime une conférence sur les 100 ans du Traité de Versailles, ce vendredi à 18h au Galaxie d'Amnéville. L'entrée est libre et gratuite.

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