Châteauroux : près de 500 personnes manifestent contre la proposition de loi "sécurité globale"
A Châteauroux comme dans 70 villes de France, des centaines de personnes on manifesté ce samedi contre la proposition de loi "sécurité globale". L'article 24 de cette loi, qui encadre la captation et diffusion d'images de forces de l'ordre est au coeur des inquiétudes et des revendications.
Près de 500 manifestants se sont réunis place de la République suite à l'appel de la Ligue des droits de l'homme et de plusieurs organisations syndicales et partis politiques. Sur place, des citoyens inquiets pour leurs libertés fondamentales. L'article 24 de la loi "sécurité globale" pénalise la captation et la diffusion d'images de policiers en intervention lorsque ces actes présentent l'intention "manifeste" de "nuire à l'intégrité physique ou psychique" des forces de l'ordre. Ce texte cristallise la colère et l'inquiétude des manifestants.
En particulier à la lumière de la vidéo du site Loopsider montrant un producteur de musique, violemment interpellé et frappé par des policiers parisiens dans son studio du XVIIe arrondissement de la capitale. Ces images, véritable étincelle dans un climat social déjà tendu. Yannick n'a pas de smartphone, n'est pas inscrit sur les réseaux sociaux, mais n'a pas pu manquer les images de ces scènes de violence. "Ces six policiers qui tiennent un mec pendant qu'une autre lui tape dessus ... je pense qu'il devrait y avoir une plainte pour tentative d'assassinat contre ces gens ! Je ne les considère même pas comme des policiers !", s'exclame-t-il.
Tant qu'on marche dans les clous, on a pas de souci à se faire ... le problème c'est qu'aujourd'hui, j'ai du mal à définir la largeur des clous !
S'il reconnaît la nécessité de protéger les forces de l'ordre pendant l'exercice de leurs fonctions, il estime aussi que cette loi est liberticide : "C'est très grave si on perd le droit de surveiller les agissements de nos policiers. Surtout quand on voit qu'ils sont capables d'agissements pareils. Tant qu'on marche dans les clous, on a pas de souci à se faire ... le problème c'est qu'aujourd'hui, j'ai du mal à définir la largeur des clous !", ironise-t-il.
Filmer pour se protéger
Ces épisodes récents de violence, conjugués à la controverse autour de la proposition de loi encouragent à manifester. "Souvent, nos droits nous sont retirés de manière plus subtile. Mais là c'est clair, on ne peut pas y échapper", devise Violette en observant la foule rassemblée sur la place de la République. Cette jeune manifestante n'en est pas à son coup d'essai : manifestation contre la réforme des retraites, 1er-Mai. "Filmer, c'est notre seule façon de nous protéger pendant les manifestations. C'est notre dernier recours", lance l'étudiante. "Je constate que la parole des forces de l'ordre est supérieure à celle du petit peuple, renchérit Marie, quelques mètres plus loin.Elle évoque la mort de Cédric Chouviat, coursier mort étouffé lors d'un contrôle routier qu'il filmait sur son smartphone en janvier 2020. Filmer ça permet d'apporter des preuves de ce qu'il se passe tous les jours."
Retrait de la loi exigé
Pas de chants ou de slogans scandés pendant cette manifestation. Quelques discours, comme celui de Ghislaine Millet, présidente de la Ligue des droits de l'homme dans l'Indre. Article par article, la proposition de loi est expliquée, et critiquée devant les manifestants. Renforcement des pouvoirs de la police municipale, encadrement de l'utilisation des drones par les forces de l'ordre. Les griefs sont nombreux. "L'état d'urgence sanitaire, le schéma du maintien de l'ordre, et maintenant cette loi "sécurité globale ... Il n'y a pas besoin de créer de nouvelles lois. Il faut qu'Emmanuel Macron recadre le ministre de l'Intérieur", s'insurge-t-elle.
Ghislaine Millet assure que les différentes parties à l'origine de la manifestation de ce samedi sont en discussion pour renouveler la mobilisation. Jusqu'à ce que la proposition de loi soit purement et simplement retirée.