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Comment améliorer la prise en charge des femmes victimes de violences dans la Vienne ?
Face aux chiffres toujours aussi importants de victimes de violences conjugales, le gouvernement a mis en place de nouvelles mesures. Mais des progrès restent à faire. Eclairage avec deux spécialistes poitevines, ce jeudi, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.

Les chiffres sont terribles : hausse de 10% des violences conjugales en 2020 , nombre de féminicides (102) en 2021 déjà équivalents à ceux de l'ensemble de l'année précédente (selon le collectif "Féminicides par compagnons ou ex", qui les recense). Ce jeudi 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, la situation est toujours aussi préoccupante en France. Et la Vienne ne fait pas figure d'exception. Une sexagénaire a été tuée en juillet dernier à son domicile de Poitiers , en janvier une septuagénaire était retrouvée sans vie à Bourg-Archambalut, près de Montmorillon.
Pour tenter de mettre fin à ce décompte morbide et venir en aide de manière plus efficace aux victimes, le gouvernement a mis en place toute une série de mesures via son Grenelle en 2019 . Notamment l'instauration des bracelets anti-rapprochements , ou des téléphones graves danger. Ces derniers sont au nombre de six dans la Vienne. "Ça marche vraiment très bien, mais il n'y en a pas assez à l'échelle du département, il en faudrait au moins le double", affirme maître Emilie Hay, avocate au barreau de Poitiers, spécialisée dans les affaires de violence intra-familiales.
Un manque de cohérence des décisions de justice ?
Des mesures qui vont "dans le bon sens", confirme-t-elle. Mais beaucoup de points sont encore à améliorer, estime Emilie Hay. En particulier sur la prise en charge des victimes de violences conjugales lors de leurs dépôts de plaintes en commissariat ou gendarmerie : "Si dès le début on n'enregistre pas sa plainte comme il faut, si en tout cas on ne n'entend pas la victime pas avec empathie, si on la met en difficulté, elle va avoir envie de faire demi tour. Il faut qu'elle soit soutenue dès la première seconde." Les personnels de police et de gendarmerie sont davantage formés sur la question . En particulier sur la communication auprès des victimes.
L'avocate met aussi en cause un manque de cohérence dans les décisions de justice prises à l'encontre des agresseurs. "D'une situation à l'autre qui, pourtant, n'est pas différente, on peut avoir une réponse pénale qui est différente. Pour nous, c'est très difficile à anticiper", explique maître Emilie Hay. La faute à un manque de moyens et à des dossiers qui s'empilent : "pour les procureurs, c'est difficile de suivre".
Il faut des réponses plus rapides aux situations d'urgence, par exemple sur l'hébergement - Annick Bouchaud, présidente du CIDFF 86
Les victimes sont d'ailleurs de plus en plus nombreuses à se signaler, d'abord auprès d'associations qui leur viennent en aide, comme le Centre d'information des droits des femmes et des familles (CIDFF). Dans la Vienne, le nombre de femmes accompagnées par les psychologues et juristes de la structure est en augmentation constante. 80 personnes en 2019, 237 en 2020, 242 en novembre 2022.
Davantage de place d'hébergement d'urgence
La présidente du CIDFF de la Vienne, Annick Bouchaud, reconnaît elle aussi que les choses avancent, grâce notamment aux moyens accordés par l'Etat à son association qui met en contact victimes et services qui peuvent leur venir en aide. "On peut accueillir davantage de personnes, c'est bien, même si on a toujours une liste d'attente", précise-t-elle.
Elle réclame en revanche plus de réactivité pour venir en aide aux victimes. "Il faut des réponses rapides aux situations d'urgence, par exemple sur l'hébergement. Pour que les problèmes ne perdurent pas avec les enfants, qui sont des victimes à part entière de ces situations là", assure-t-elle. En tout, 60 places d'hébergement d'urgence viennent d'ouvrir dans la Vienne et sont actuellement disponibles.
Si vous êtes victime de violences conjugales, vous pouvez composer le 3919, envoyer un sms au 114 ou sur la plateforme arretonslesviolences.gouv.fr.
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