Covid-19 et santé mentale : vers une hausse d'activité "considérable" en psychiatrie ces prochaines années
Comme la plupart de ses confrères, le professeur Fakra, chef du service psychiatrie adultes au CHU de Saint-Étienne, s'inquiète de l'impact psychique du second confinement et de l'épidémie de Covid-19 en général.
La crise psychique liée à l'épidémie de Covid-19, le CHU de Saint-Étienne "est dedans en ce moment", selon Eric Fakra, chef du service psychiatrie adultes. Plusieurs indicateurs montrent que l'impact de l'épidémie sur la santé mentale est lourd, au CHU de Saint-Étienne comme partout en France.
Le professeur Fakra estime que le risque d'une troisième vague de l'épidémie de Covid-19, pour la santé mentale, est réel.
La répercussion se fait plusieurs semaines voire plusieurs mois après, et ensuite ça va durer sans doute plusieurs mois, voire plusieurs années
Et selon Eric Fakra, cet impact risque d'être durable : "La temporalité n'est pas la même pour les éléments psychiques, explique le chef de service. La répercussion se fait plusieurs semaines voire plusieurs mois après, et ensuite, ça va durer sans doute plusieurs mois, voire plusieurs années, donc on s'engage dans une augmentation d'activité qui va être considérable au cours des prochaines années", poursuit le professeur.
Il rappelle que pendant le premier confinement, "il y avait plutôt une diminution de l'activité, et à partir du mois de mai et juin, on a vu une augmentation considérable, que ce soit les demandes de nouveaux rendez-vous comme les passages aux urgences". Eric Fakra précise qu'à cette période, "le centre ambulatoire de Saint-Étienne a augmenté son activité de 20%" par rapport à l'année 2019.
Prévenir pour éviter des états chroniques
Selon lui, un deuxième élément caractérise cette crise psychique : son ampleur, "puisqu'elle touche toute la population". Eric Fakra souligne toutefois que certains publics sont plus à risque : les jeunes et les personnes âgées, mais aussi celles en situation de fragilité financière et les personnes en situation de handicap.
Dans ce contexte, il y a selon Eric Fakra urgence à renforcer les moyens de la psychiatrie en France, car "ce qui n'est pas traité maintenant va s'aggraver. On a vraiment un rôle de prévention avant que des états plus chroniques s'installent d'ici quelques mois".